Quelles sont les principales causes de distorsion de concurrence pour l’agriculture française ?
On a l’habitude de dire que la plus importante, c’est la surtransposition des règles européennes à la française. Je pense que c’est un cocktail plus détonant que ça. Il y a aussi le coût du travail et l’augmentation des charges et, ajouté à cela, le dénigrement de l’agriculture par la société que l’on peut connaître en France. Ce sont des éléments qui positionnent notre pays sur une forme de danger vis-à-vis de ses concurrents. Les conséquences se font déjà sentir depuis plusieurs années. Notre excédent commercial a été divisé par deux en cinq ans, c’est énorme. Et ce principe qui veut que pour sauver la ferme France il faille aller uniquement sur la montée en gamme est pour moi une bêtise. Il faut de la qualité mais aussi que toutes les catégories sociales puissent manger français. La consommation de produits d’importation représente déjà quatre à cinq repas par semaine.
Vous mettez en cause la loi Alimentation, pourquoi ?
Parce qu’elle n’est pas allée assez loin et elle a déçu le monde agricole de façon considérable. Elle a amené une surenchère sur les normes, l’environnement et les demandes sociétales. Elle ne parle que de la partie du produit en lien avec les ventes à la grande distribution. Mais, par exemple dans ma coopérative, le prix du lait est fixé en considérant les ventes aux grandes surfaces, celles à la restauration hors foyer et celles à l’exportation. Une vraie loi agricole, qui devait régler la question du revenu des agriculteurs, devrait prendre en considération tout ce qui vient impacter le revenu, les produits issus de tous les marchés, les charges, et en particulier les aléas, qu’ils soient climatiques, sanitaires ou de marché.