La chambre d’agriculture de la Normandie a conduit depuis deux ans des essais de date, écartement et densité de semis sur maïs ensilage dans le secteur du bocage ornais. Les expérimentations de 2023 et 2024 ont mis en évidence l’effet favorable d’un interrang de 50 cm sur le rendement, en particulier lors de semis précoces. La conseillère en agronomie Pauline Le Penven précise : « Pour une densité de semis équivalente, les rendements des deux années d’essais sont tendanciellement meilleurs en écartement réduit avec un gain de 1,5 à 2 tonnes de matière sèche par hectare (tMS/ha). »

Dans ce secteur assez froid et pluvieux, elle indique que « les rendements s’établissent couramment autour de 15 à 17 tMS/ha ». Rozeen, variété mixte et courante dans cette zone, a été mise à l’essai dans un limon sableux profond de 60 cm. Elle a été implantée après une interculture de moutarde et un précédent maïs. 55 m³ de digestat liquide ont été apportés au 15 avril, soit 100 à 120 unités théoriques, puis 100 kg d’engrais 18-46 au semis.

Davantage de différences pour les semis précoces

Dans le contexte de 2024 marqué par un déficit d’ensoleillement et des températures nettement inférieures aux normales jusqu’à la mi-juin, les maïs présentaient en moyenne 1,5 épi par pieds. « Les semis réalisés au 22 avril ont affiché un rendement moyen au 21 octobre de 19,8 tMS/ha, à 31 % de matière sèche, souligne Pauline Le Penven. Ils étaient supérieurs en moyenne de plus de deux tonnes aux implantations du 24 mai. » Un résultat qui confirme l’observation de meilleures vigueurs au stade 4-5 feuilles pour les mises en place précoces.

Concernant les implantations tardives, aucune différence significative sur le rendement et les valeurs alimentaires n’a été mise en évidence selon les densités et écartements. Même si les résultats ne sont pas statistiquement significatifs, la conseillère note malgré tout que « le rendement obtenu en 50 cm est toujours meilleur que celui à 75 cm pour l’ensemble des densités de semis avec trois tonnes d’écart en moyenne. »

À l’inverse, les semis d’avril ont fait apparaître des différences. « En interrang réduit, le rendement moyen s’est élevé à 20,7 tMS/ha contre 18,8 tMS/ha avec une distance classique », indique Pauline Le Penven. Ces résultats confirment ceux de 2023 malgré un contexte climatique différent. Les teneurs en matière sèche ne sont pas impactées. Par contre, les différences de rendement selon les écartements ont été amplifiées par de fortes densités.

Autre enseignement des essais : le choix du matériel ne doit pas être négligé. « Dans le cas de semoir à largeur variable en six rangs, les rangs 2 et 5 se trouvent sous le passage des roues, ce qui nuit à leur développement, notamment dans des conditions limites, explique Pauline Le Penven. Ce problème peut être évité avec un semoir sept rangs. » La conseillère est également consciente que l’adoption de ces interrangs réduits est freinée par l’inadaptation des bineuses utilisées actuellement.