Stéphane et Muriel Igier sont associés en Gaec sur une exploitation de 253 ha et 120 vaches laitières. En 2012, ils se spécialisent en lait en passant de 110 à 150 vaches et investissent 600 000 € dans un roto de traite. Des problèmes sanitaires ne leur permettent pas d’atteindre leurs objectifs, et donc d’embaucher un second salarié.

En 2015-2016, avec la crise du lait, ils ne couvrent plus leurs charges. Stéphane travaille dur pour rembourser l’emprunt. Des maux de dos apparaissent, mais il ne s’arrête pas : « Je traitais même les cultures la nuit. » En mai 2017, il est épuisé, proche du burn-out. Deux mois plus tard, des problèmes sur le roto et la grêle sur des maïs non assurés ravivent les douleurs. L’éleveur est hospitalisé d’urgence pendant deux semaines pour une hernie discale. Muriel et leur fille de 17 ans apprennent au pied levé à utiliser le roto, avec l’aide du salarié. Sollicitée, la MSA propose l’aide au répit, avec 70 heures de remplacement, renouvelée une seule fois.

En septembre 2017, une travailleuse sociale conseille un suivi psychologique à Stéphane, alors en arrêt maladie. « Cela m’a beaucoup aidé, admet-il. Nous avons aussi eu droit à une aide ménagère. » Comme l’éleveur n’arrive plus à prendre de décisions, la MSA lui propose une formation sur la confiance en soi.

Soutien psychologique

En février 2018, il reprend le travail dans le cadre d’un mi-temps thérapeutique. Mais à l’automne, leur salarié doit se réorienter pour raison médicale et les exploitants « zappent les désherbages sur les cultures à l’automne. » En juin 2019, le couple arrive, enfin, à embaucher un jeune. Une deuxième apprentie complète le travail de celle présente sur la ferme depuis un an.

Les éleveurs font aussi appel à la cellule Réagir (1) pour étudier la délégation des travaux en grandes cultures. Celle-ci est opérationnelle depuis septembre dernier. « Ça me dégage du temps et m’enlève un gros stress, apprécie l’agriculteur. Notre situation est désormais plus stable et pérenne tant que nous aurons un salarié. Nous aurions dû demander de l’aide plus tôt. »

Cet été, Stéphane et Muriel ont pu prendre cinq jours de vacances avec leurs enfants, puis dix jours seuls en octobre. L’éleveur parvient à nouveau à faire des projets. Chantal Urvoy

(1) Dispositif d’aide aux agriculteurs en difficulté.