« Quand ils sont en bonne santé, les animaux sont plus aptes à s’adapter quand le milieu devient agressif », souligne Léa Carrère, conseillère en santé des troupeaux au GDS de l’Aveyron. Lors d’une formation proposée aux éleveurs par la maison de l’élevage du Tarn, la spécialiste a présenté les nombreux facteurs de risque d’apparition des boiteries chez les bovins, et les moyens de prévention.
L’alimentation
« Une carence ou une ration mal équilibrée peut entraîner un amaigrissement et donc une fonte des coussinets graisseux du pied, indique l’experte. La vache devient plus sensible. » Il s’agit également de « faire la chasse à l’acidose et à l’excès de digestion intestinale ». En effet, un mauvais fonctionnement du système digestif peut le rendre perméable. Des toxines passent alors dans la circulation sanguine et atteindre les pieds. Les fourbures sont souvent liées à une acidose.
L’équilibre des « fondamentaux » que sont l’eau, le sel et les fibres doit être respecté. « L’eau, c’est ce qu’une vache ingère en plus grande quantité », rappelle la technicienne. Jusqu’à 150 litres par jour en période de stress thermique. Le signe d’alerte est notamment l’urine : « Pour la couleur, on doit être sur du vin blanc sec plutôt que sur du Monbazillac », sourit-elle. S’agissant du sel, « l’indication est de 40 grammes par jour pour une vache tarie ou une génisse et de 70 à 100 grammes pour une vache en lactation. Une surconsommation de sel peut indiquer un trouble digestif. »
Du côté de la ration, les fourrages doivent représenter au moins 70 % de la matière sèche ingérée. Des fibres suffisamment longues et avec une coupe nette sont à privilégier pour permettre une bonne rumination et un bon transit. Des apports en minéraux et vitamines sont également indispensables. « Pour être sûr de distribuer une ration équilibrée, mieux vaut renseigner auprès de techniciens, commerciaux ou vétérinaires, car les apports varient en fonction du type de vache (laitière ou allaitante) et du stade physiologique (gestante, tarie, en lactation, au pic de lactation…) », détaille-t-elle.
L’environnement
« Les vaches sont faites pour aller dehors, elles ont besoin de marcher, prévient Léa Carrère. Il est donc important d’avoir un bâtiment spacieux, où l’air n’est pas chargé en ammoniac. On parle beaucoup d’ambiance, mais il ne faut pas négliger le confort. » Autre point de vigilance : la litière. Sa température doit être inférieure à 35°C pour limiter la multiplication microbienne, pouvant entraîner des boiteries.
« Les logettes inadaptées, les litières humides, les manipulations excessives des animaux, ou encore les lots où la compétition est forte sont autant de facteurs pouvant affecter la santé des pieds d’un bovin », énumère la spécialiste. « Les panaris sont souvent causés par l’humidité, abonde Christophe Bouviala, pareur à Farago Aveyron. Certaines parcelles sont propices à leur apparition. »
La génétique
Sur le volet de la génétique, « il s’agit de se poser la question suivante : ma façon de sélectionner mon troupeau aide mes vaches ou les pénalise ? », pointe Léa Carrère. Ainsi, « quand on gagne sur des critères de production, on perd sur d’autres domaines, qui peuvent être la résistance aux agressions », insiste-t-elle. Les gabarits des vaches notamment progressé, alors qu’elles reposent sur les mêmes onglons.
Christophe Bouviala préconise un parage préventif au tarissement, ou au moins deux mois après le vêlage. Par ailleurs, il peut être judicieux de réformer certaines vaches ayant des pathologies du pied. « Dans certains cas, la génétique est en cause. »