Après 6 ans à la présidence de la FNSEA, Christiane Lambertpassera la main en mars prochain. Invitée sur France Info le 20 décembre 2022, elle a rappelé l’importance de la production agricole française avant d’évoquer les pressions des distributeurs et des militants écologistes, les attaques sur l’irrigation et le contexte mondial de hausse des prix.

Les revenus des agriculteurs en ligne de mire

Revenant sur les deux années de bouleversements économiques, Christiane Lambert a défendu la souveraineté alimentaire française qui fait face aux menaces des importations de produits moins chers et aux pratiques commerciales de la grande distribution.

Elle attaque en particulier l’enseigne Leclerc. Selon elle, la lutte contre la hausse des prix ne peut pas se faire en rognant les marges des agriculteurs ou en faisant de fausses promotions. « C’est un rapport de force qui est difficile ». Pour endurer les hausses de l’énergie et des engrais, « les prix vont rester élevés » assume-t-elle, « c’est nécessaire pour le revenu des agriculteurs ».

Interrogée sur le sujet des retraites, elle répond que « cette réforme est attendue par le secteur ». Elle a rappelé au passage que « les retraités du monde agricole touchent 1000 € par mois ». C’est 500 € de moins que la moyenne nationale brute en 2022 enregistrée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).

Une consommation remise en question

« Trop longtemps en France on a considéré qu’on pouvait manger toujours moins cher, l’alimentation a trop longtemps été bradée » insiste Christiane Lambert. « La part du budget consacré à l’alimentation est de 13%, c’est beaucoup moins que le logement, le transport ou la téléphonie », rappelle-t-elle. Reprenant son expérience d’éleveuse, elle déclare que « l’alimentation des animaux a augmenté de 30% » depuis 2021. D’où l’importance de payer les aliments au prix juste. « Un rattrapage est nécessaire aujourd’hui » avec « des prix plus élevés pour équilibrer les comptes ».

Elle prévient qu'au passage, en raison de l’explosion de l’énergie et des sécheresses récentes, « il y a certains agriculteurs qui ont décidé de ne pas cultiver de tomates ou de haricots verts », ce qui favorise les importations de ces produits.

« Changer de modèle ? C’est déjà le cas »

Sur le sujet des méga-bassines, « il s’agit uniquement de récupération d’eau de pluie excédentaire » et non d’un « accaparement de la ressource » dénoncé par les militants écologistes, estime-t-elle. « Il faut de la nature préservée, mais il faut produire pour nourrir ».

Est-il est temps de changer de modèle ? Elle déclare que c’est déjà le cas : « Pour produire un litre de lait aujourd’hui, on dégage 23% d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en moins qu’il y a 15 ans, parce qu’on a amélioré nos modes de production ».

« On a réduit de 8% nos émissions de GES en 15 ans », résume-t-elle. « Nos agriculteurs sont au travail pour changer », avançant les progrès dans le captage de carbone et les innovations technologiques.