Une immense déception et colère. C’est ce que les retraités agricoles ont ressenti au printemps 2018. Eux qui touchent les pensions les plus faibles du pays : 730 € par mois en moyenne pour une carrière complète contre 1 800 € pour l’ensemble des Français en 2015. Le gouvernement a en effet décidé d’utiliser une procédure de « vote bloqué » au Sénat pour empêcher l’adoption d’une proposition de loi visant à revaloriser leur pension. Il a reporté à 2020 la possibilité de faire passer le minimum garanti pour une carrière complète de chef d’exploitation de 75 % à 85 % du Smic net. Soit de 871 € à 987 € par mois. Ses arguments : l’absence de financements pérennes et pour ne pas décider d’une revalorisation « indépendamment des autres évolutions qui affectent notre système de retraite ».
Un système universel
Au même moment, des discussions sur la réforme des retraites étaient en cours. Début octobre, après six mois de concertation, le gouvernement en a présenté les orientations. L’objectif est de créer un système universel, applicable à tous quelle que soit la profession exercée. Les droits seraient calculés en points où « 1 € cotisé vaut les mêmes droits » pour chaque Français. L’âge actuel de départ a 62 ans devrait être conservé et la réforme s’appliquer à partir de 2025. Une nouvelle phase de concertation a été ouverte. Mais les séances prévues en décembre ont été reportées à janvier, à cause de la crise des « gilets jaunes ». Ce contretemps rend plus difficile le vote d’un projet de loi « au premier semestre » 2019. On évoque désormais un dépôt du texte après les élections européennes et une adoption « dans le courant de l’année ». Aurore Cœuru