Tout comme les enjeux géopolitiques comme le Mercosur, la thématique du stockage de l’eau a irrigué les débats du congrès du maïs, qui s’est tenu à Pau les 20 et 21 novembre 2024. Les attentes des producteurs de maïs sont fortes pour « faire avancer ce dossier » et aboutir à une « politique ambitieuse ». Invité, le délégué interministériel à la gestion de l’eau, Martin Gutton a apporté son soutien à l’assemblée. C’est là « tout l’enjeu de la grande conférence sur l’eau », qui avait été annoncée par le Premier ministre Michel Barnier le 1er octobre. Son organisation devrait être annoncée en décembre, mais celle-ci se tiendra vraisemblablement sur une durée de six mois en 2025.
« Une des réponses indispensables »
Il s’agira d’un grand débat sur l’eau, dans les territoires, dont l’objectif est d’aboutir sur « des choses concrètes », a-t-il indiqué. L’objectif est de « rappeler les enjeux du changement climatique et la nécessité de changer de logiciel », et notamment « faire comprendre la nécessité du stockage de l’eau, car c’est une des réponses indispensables ». Selon lui, « il faudra réussir à reconstruire une sorte de contrat social entre la société et le monde agricole » autour des enjeux de qualité et de quantité de l’eau. Et dans cette optique, « il sera important que les acteurs agricoles se mobilisent dans les lieux de débat pour expliquer ce que sont leurs contraintes ».
Dans un contexte où les contentieux sont nombreux, Martin Gutton estime qu’il y a un besoin d’accompagnement juridique pour les agriculteurs. Il faut « être très bon dans la constitution des dossiers », insiste-t-il.

Fonds hydrauliques réabondés en 2025
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard, intervenue en vidéo, a annoncé qu’elle réabondrait le fonds hydraulique agricole en 2025. « [Je] relancerai l’appel à projets, avec comme objectif de mailler les territoires vulnérables par la création ou l’extension de structures de stockage, de retenue, ou de réutilisation permettant une meilleure disponibilité de la ressource pour les agriculteurs », a-t-elle indiqué. Les lauréats qui bénéficieront des 20 millions d’euros de subvention d’État ont été dévoilés le 5 novembre dernier.
Demande d’études socio-économiques
Au sujet des demandes d’autorisation de projets, Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), indique que les associations spécialisées « grandes cultures » de la FNSEA demandent qu’une expertise socio-économique soit rendue obligatoire dans les dossiers, au même titre que les études environnementales. Le financement serait porté par les porteurs de projet. Une demande qui ne va pas dans le sens de la simplification administrative, reconnaît Franck Laborde. Mais elle a pour objectif « qu’il n’y ait pas que l’angle environnemental » qui soit considéré, et que les décisions soient prises « au regard de tous les enjeux ».
Plus largement, la FNSEA demande que l’agriculture soit reconnue « d’intérêt général majeur ». Cela impliquerait que les autorités « regardent les impacts économiques » autant que les impacts environnementaux lors de la création d’une structure agricole.
70 % des projets facilités
Depuis les manifestations du début de l’année, « nous avons obtenu la possibilité de créer des retenues dans les zones humides, dans la limite d’un hectare en zone humide », rappelle Franck Laborde. L’arrêté, publié le 17 juillet dernier, est structurant à l’échelle nationale : les projets de retenues collinaires sont souvent en partie localisés dans ces milieux, en fond de vallée. Le texte est « en mesure de débloquer 70 % des projets », estime Franck Laborde. Le texte avait fait l’objet d’une demande de suspension par France nature environnement et d’autres associations ; demande qui a été rejetée par le Conseil d’État.
« Nous avons également été entendus sur les contentieux », complète Eric Frétillère, président d’Irrigants de France. Un décret, publié le 11 mai 2024, doit permettre d’accélérer les contentieux liés aux ouvrages hydrauliques agricoles et les installations d’élevage en les transférant à une chambre dédiée et spécialisée. Mais il reste prudent : « Nous allons être très vigilants, car la fin de l’histoire n’est pas écrite ».