Si les détecteurs de chaleur sont reconnus pour leur efficacité, ainsi que pour le confort de travail qu’ils offrent à l’éleveur, aucune étude ne s’était penchée sur leur effet sur les performances à la reproduction des troupeaux. C’est désormais chose faite grâce à une étude coordonnée par la Chambre d'agriculture de Normandie (1).

« Le détecteur de chaleur est surtout intéressant pour les éleveurs qui ont des difficultés à repérer les chaleurs, en particulier si les vaches les expriment faiblement. Si l’éleveur est attentif, le collier ne fera pas beaucoup mieux », explique Fabrice Bidan, responsable projets Reproduction à l'Institut de l’élevage.

Selon l’expert, les éleveurs détectent au minimum la moitié des chaleurs. Les plus aguerris peuvent monter jusqu’à 85 ou 90 %, ce qui équivaut aux performances des détecteurs de chaleur.

Les gains liés à ces dispositifs sont essentiellement enregistrés dans les cheptels présentant une fécondité moindre : les troupeaux à plus de 435 jours d’IVV ont gagné jusqu’à 17 jours, là où ceux autour de 415 jours d’IVV en ont gagné 9. Les troupeaux autour des 400 jours d’IVV ont quant à eux gagné seulement 3 jours. « À un certain niveau, il est difficile d’améliorer les performances parce que plusieurs leviers doivent être actionnés », précise Fabrice Bidan.

Le détecteur de chaleur trouve également son intérêt dans les cheptels de taille moyenne. « Les élevages comptant de 65 à 99 vaches laitières sont ceux dont les performances ont le plus augmenté ». Ils sont passés de 425 jours d’IVV à 407. Pour l’expert, « cela relève probablement d'un effet de seuil.

Ça n’est pas la même chose d’avoir une personne pour surveiller 70 vaches, que trois personnes pour 120. » Les détecteurs de chaleurs peuvent donc être un allié pour améliorer les performances à la reproduction sans mobiliser trop de main-d’œuvre.

Fécondité et fertilité

Leur utilisation s'inscrit généralement dans une démarche globale de recherche de performance à la reproduction. « La plupart des éleveurs mettent en place des stratégies d’amélioration de la fécondité en parallèle du collier », explique Fabrice Bidan. Dans ce contexte, difficile de déterminer quel levier a agi, mais « la bonne nouvelle, c’est que dans la majorité des cas, une amélioration de ses performances est observée. Cela montre que si l’on s’intéresse à la reproduction, il y a moyen de faire évoluer les choses ».

Les problèmes de reproduction peuvent être multiples. « Il faut dissocier la fécondité de la fertilité », explique l’expert. Si la fécondité se mesure par la capacité à avoir un veau plus ou moins rapidement (à travers l’IVV par exemple), la fertilité juge de la capacité du bovin à se reproduire (via le taux de réussite à l’insémination par exemple). « Espérer une amélioration des performances en achetant un détecteur de chaleur suppose que l’on ait un problème pour repérer chaleurs, soit par manque de temps, soit en utilisant une mauvaise méthode d'observation.

L'outil ne pourra pas améliorer les performances si c'est un défaut d'expression des chaleurs ou un problème de fertilité des vaches." En cas d'inséminations réalisées au mauvais moment, une amélioration des résultats peut être espérée avec un système de détection des chaleurs. "Il est donc essentiel de bien identifier son problème », souligne Fabrice Bidan.

(1) En collaboration avec l'Institut de l'élevage, Littoral Normand, Origenplus, Elvup