Dans la stabulation, la 715 ne diffère pas de ses congénères, ni en stature, ni en comportement. Pourtant, elle a vêlé à 19,5 mois, comme deux autres génisses du Gaec de la Brenaille. Aurélien Huon est installé depuis quatre ans à Montaille, dans la Sarthe, avec ses parents, Dany et Jean-François. Il a rapidement décidé de réduire l’âge au vêlage. « Mes parents étaient déjà entre 25 et 26 mois, mais je savais que c’était possible de descendre encore, puisque les Canadiens sont à 21 mois. »

En moyenne, ses 44 primipares ont vêlé à 21,9 mois sur la période d’avril 2017 à mars 2018, contre 29,7 au sein de son groupe d’éleveurs laitiers.

Pour Aurélien, le succès de la précocité repose surtout sur une alimentation de qualité, le confort des animaux et la génétique. Il ne se fixe pas un objectif d’âge unique, les vêlages s’étageant de 19,5 à 24 mois, mais il se base sur l’observation des animaux. « J’ai testé avec des génisses très grandes, puis j’ai généralisé mais les plus frêles vêlent toujours plus tard. Le gabarit et la croissance me guident. » La surveillance est au moins biquotidienne, tant sur les petits veaux que sur les génisses plus âgées. L’alimentation est cadrée dès la naissance : 2 1 de colostrum dans les 2 h, puis 2 1 de plus dans les 24 h ; deux buvées de lait entier par jour pendant deux mois, puis une le troisième mois, et paille et granulés à volonté. Les génisses passent ensuite en ration complète (ensilage d’herbe, paille, 0,5 kg de tourteau de colza, granulés) avec du foin à volonté. Après sevrage, le rationnement est établi à partir de celui des taries.

S’appuyer sur le gabarit

Le gabarit détermine l’insémination. Encore faut-il bien détecter les chaleurs. « Je repousse très régulièrement la ration : lorsqu’une génisse meugle, c’est bien parce qu’elle est en chaleur, pas parce qu’elle a faim », sourit Aurélien. Un mois avant la mise bas, les génisses reçoivent une ration de préparation au vêlage : ensilage de maïs, paille, colza, blé, granulés. Un nutritionniste vient tous les deux mois pour apporter un œil extérieur.

La génétique, même s’il existe des lignées précoces, est surtout travaillée pour obtenir des vaches équilibrées avec des mamelles fonctionnelles. « Nous voulons faire davantage de commerce d’animaux, tout en assurant un bon niveau de production », souligne Aurélien.

Outre l’observation quotidienne des bêtes, l’objectif des éleveurs est de chasser toutes les causes de stress. Les génisses sont conduites en lots homogènes de cinq dès le deuxième mois afin qu’elles ne soient pas perturbées lors des futurs changements de lots. « Par ailleurs, je tonds intégralement les veaux lors de l’écornage, en hiver, car la nurserie est chargée, et en été pour éviter la consommation d’énergie quand ils ont froid après avoir transpiré. »

« Au début, j’avais un peu peur, reconnaît Dany. Mais il nous a convaincus car les génisses ont une belle croissance et une belle stature au vêlage. » Elles sont ensuite mêlées au troupeau sans que les éleveurs ne notent aucune mise de côté. « Elles prennent leur place naturellement car elles ne sont pas plus petites que les autres », pointe Jean-François.