« Tout changement dans une société doit être anticipé et préparé, souligne Pauline Force, consultante en développement des ressources humaines chez Ineho (1). Pour cela, il existe une méthode qui s’applique aux petites structures comme aux grosses entreprises. Les agriculteurs doivent appréhender ce processus comme le ferait n’importe quel chef d’entreprise. Tout changement se traduit par des résistances individuelles avec l’interrogation « qu’est-ce que je vais perdre (pouvoir, repères) », mais aussi des résistances collectives. »

« Sortir de l’affect »

« Pour opérer cette transition, il faut mettre à plat ce qui existait jusqu’alors. Pour sortir de l’affect, il est nécessaire de parler de tel et tel associé, de telle structure, et non du parent et de son enfant. Évitons la référence aux liens familiaux. Ce diagnostic est l’occasion de refaire le point sur qui fait quoi, mais aussi sur les valeurs de l’exploitation. Quelle est sa mission ? Qu’est-ce qui lui donne de l’élan ? Quelles sont ses forces, ses faiblesses ? Qu’est-ce qui fait que l’activité est pérenne ? Après cet état des lieux, il s’agit d’élaborer un plan d’action complet. On définit comment on va fonctionner et avec quels moyens. Pour écrire cette feuille de route, il est indispensable d’impliquer chacun des protagonistes. Chacun se sentira ainsi valorisé et verra ce qu’il a à gagner de cette association. Il est essentiel de préparer cela en mode coopératif. »

« La principale résistance est la peur »

« Communiquer dans le changement permettra de lever les résistances. Sinon, les non-dits s’accumulent. Et on a alors tendance à faire des suppositions. La plupart de nos difficultés relationnelles et conflits découlent de celles-ci. Plus on clarifie, mieux c’est. Ça permet de mieux se connaître, mieux connaître l’autre et mieux fonctionner collectivement. Quand j’accompagne des chefs d’entreprise agricole, lors de la formation « vivre et conduire les changements dans son quotidien professionnel », j’observe que la principale résistance est la peur : peur de l’inconnu, peur de perdre sa place. Il faut nourrir ce besoin de sécurité. Il y a des deuils à opérer, c’est un processus. »

Pauline Force est consultante en développement des ressources humaines chez Ineho.

« En présence d’une personne neutre, comme un coach par exemple, c’est plus facile. Se pose aussi la question de comment on prépare sa retraite. Je rencontre des situations où le jeune ne reçoit aucune information. C’est dévalorisant. Une fois tout mis à plat et le plan d’action établi, il est nécessaire de célébrer le changement (montrer le chemin parcouru, valoriser la contribution de chacun et la réussite du projet). Il s’agit d’en prendre acte par une communication ouverte et positive. Chacun se sentira ainsi reconnu. »

(1) www.ineho.fr.