« Les addictions restent un sujet encore tabou. Il faut les distinguer des pratiques addictives qui sont plus répandues. L’addiction est une maladie chronique, qui s’inscrit dans la durée, faite de hauts et de bas. Elle se traduit par un besoin irrépressible de consommer ou de pratiquer un comportement au détriment des conséquences négatives. Pour évaluer si une personne est dépendante, on se réfère aux 11 critères du DSM-5, le manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux.
Souvent le proche se sent mal à l’aise. Il constate que l’autre va mal, mais préfère fermer les yeux plutôt qu’aborder la question. C’est un tort, car la situation va se gangrener. Le conjoint, les amis s’en vont. Le malade perd son permis et n’arrive plus à travailler correctement. Là, on se dit qu’il faut agir mais c’est trop tard. Ce silence alimente le déni de la personne. Au contraire il faut multiplier les échanges et aborder le sujet précocement, pas au bout de 15 ans. Comment ? Dites par exemple : « je m’inquiète pour toi » et éviter le « tu vas mal », accusateur. Mettez en perspective comment votre père était dans le passé et comment il est aujourd’hui. C’est ce décalage qui motive votre démarche. Soyez factuel. Indiquez-lui que vous avez lu un article sur le sujet et invitez-le à consulter le site addictaide (2) : où il trouvera de l’aide près de chez lui. Croyez en sa capacité à s’en sortir.
Par ailleurs, l’entourage doit poser un cadre pour que le malade ne dépasse pas les bornes. Les addicts ont besoin de limites. J’ai ainsi vu un homme accepter de se soigner le jour où sa femme est vraiment partie. Ça a été le déclic. Depuis des années, elle lui disait « je vais m’en aller si tu rentres saoul ».
Enfin, ne restez pas seul. Sachez qu’il existe des forums, groupes de parole, etc. pour les accompagnants ».

(1) Auteur de la BD "Addictions: du plaisir à la dépendance...".
À télécharger sur www.ccmo.fr/wp-content/uploads/2022/06/Bande-dessinee-addictions-CCMO-Mutuelle.pdf.
(2) www.addictaide.fr.