Certains choisissent de s’installer sans aides, souvent pour plus de liberté ou parce qu’ils ne remplissent pas les critères. D’autres optent pour une installation aidée, plus sécurisée grâce à la Dotation Jeune Agriculteur (DJA), mais très encadrée. Dans tous les cas, s’installer est loin de la simple formalité.
18 mois pour construire un projet solide
Des premières réflexions au lancement de l’activité, la durée moyenne d’une installation est d’environ 18 mois. Tout commence souvent par une phase de formation et de mûrissement du projet : stages, expériences, rencontres pour confronter son idée au réel. Vient ensuite la phase de construction du projet : étude économique et technique (plan d’entreprise, prévisionnel), recherche de foncier ou d'une ferme à reprendre (achat, location, succession, association...), de financement (prêts, aides, subventions), aspects juridiques et administratifs.
Mathias est en cours d’installation avec son père. Sur TikTok, il résume avec humour son parcours en 9 étapes. « C’est : 1-Des papiers, 2-Des RDV, 3-Des papiers, 4-Du stress, 5-Des RDV, 6-Beaucoup d’argent, 7-Des papiers, 8-Des RDV, 9-Attendre des réponses des organismes. » Et Flavie d’ajouter en commentaire : « En plein parcours, la charge mentale est énorme. »
Les défis majeurs : foncier, financement, administratif
La recherche de foncier ou d’une ferme à reprendre est souvent l’étape la plus tendue, notamment pour les personnes qui s’installent hors cadre familial ou qui ne sont pas issues du milieu agricole. L’autre verrou est le financement. Ce fut le cas pour Alexandre Moine, jeune éleveur de vaches limousines dans la Vienne.
La récompense au bout du chemin
« Au départ, la mise était trop importante, environ 600 000 euros. Et petit à petit, avec le cédant, avec mes parents, on a discuté, réfléchi, négocié pour diminuer ce montant. » À cela s’ajoutent la complexité administrative, l’incertitude économique, et parfois le manque de re-
pères, notamment pour les porteurs de projets atypiques.
Si ces difficultés ont une vertu, c’est de sélectionner les candidat·e·s les plus motivé·e·s. Elles poussent aussi les porteur·se·s de projet à se structurer, à anticiper, à s’entourer. Des compétences qui seront utiles toute la vie. Et une fois la ferme lancée, la fierté prend le dessus. Lise Lenglet, jeune éleveuse, raconte sur TikTok : « C’est très long, beaucoup de papiers, beaucoup de réflexions, mais il ne faut pas baisser les bras. Y a rien de mieux que de s’occuper de ses bêtes et d’être son propre patron. Franchement je ne regrette rien du tout. »
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