« La veille sanitaire réalisée par les membres du comité d’experts spécialisé dans la santé des végétaux a fait apparaître une alerte concernant un nouveau virus émergent de la tomate : le tomato fruit blotch virus (ToFBV), de l’espèce Blunervirus solani », signale l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un avis rendu le 27 février 2025.
Or à ce jour, aucune réglementation n’existe vis-à-vis du ToFBV. C’est pourquoi l’Agence juge, après une expertise rapide, que la « réalisation d’une évaluation complète du risque, des travaux complémentaires seraient à réaliser pour lever les incertitudes et conclure de manière plus ferme sur les priorités en matière de lutte ou de limitation des risques de transmission. »
Le ToFBV est à différencier du tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV), pour lequel il existe une veille sanitaire et des mesures de lutte contre la propagation.
En France depuis 2017
Pour le ToFBV, les premiers résultats de l’Anses permettent « d’ores et déjà de fournir des indications sur les difficultés de détection précoce et l’absence, à ce jour, de frein climatique à l’établissement du virus. » Ils montrent aussi « le rôle suspecté d’un acarien, A. lycopersici, (responsable de l’acariose bronzée de la tomate), comme vecteur de transmission, pour lequel il existe peu de moyens de lutte efficaces alors qu’il est également source d’autres impacts sur les cultures de tomate. »
Les premières descriptions du ToFBV ont eu lieu en Italie en 2018 et en Australie en 2019. Sa présence a ensuite été déclarée au Brésil, au Portugal, en Espagne, en Slovénie, en Grèce et en Suisse. En France, le ToFBV a été détecté en 2023 et 2024 dans six départements des Régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Il existe aussi des preuves rétrospectives de sa présence en 2012 en Italie, 2013 en Tunisie, 2015 au Portugal et en 2017 en France.
Apparition tardive des symptômes
« La principale plante hôte du ToFBV est la tomate, culture légumière d’une grande importance en France. Les dégâts observés sont restreints aux fruits et se caractérisent par de fortes décolorations et des déformations les rendant non commercialisables », rapporte l’Anses.
L’Agence ajoute : « L’absence de symptômes sur feuilles et l’apparition tardive des symptômes sur fruits pendant la période de production enlèvent toute possibilité d’anticipation quant à l’application d’éventuelles mesures de gestion (élimination des plants atteints, contrôle de l’acarien vecteur suspecté). » Cela peut donc « induire un impact économique conséquent comme cela a été rapporté dans plusieurs pays (Italie, Espagne notamment) ».
« Jusqu’à récemment, chez la tomate symptomatique, le ToFBV a souvent été associé à d’autres virus, le pepino mosaic virus (PepMV) et/ou le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) suggérant que la co-infection jouerait un rôle dans l’expression des symptômes. Néanmoins, un signalement récent de mono-infection dans une production de tomates sous serre en Flandre révèle la capacité du ToFBV à produire des dégâts sans aucune co-infection avec d’autres virus », signale l’Anses.