« En Ille-et-Vilaine, les producteurs de lait cherchent à produire des méteils riches en protéines et avec du rendement pour améliorer leur autonomie protéique. Leur volonté est aussi de pouvoir les récolter tôt (autour du 15 avril) pour ne pas impacter la culture de maïs qui va suivre », explique Antoine Yven, Ingénieur conseil au Ceta 35, association d’agriculteurs en formation continue.
Depuis trois ans, des adhérents du Ceta 35 testent un mélange composé de 35 kg de seigle forestier, 12 kg vesce velue, 5 kg de trèfle incarnat, 3 kg trèfle squarrosum, 0,8 kg trèfle de micheli pour un coût de 120 €/ha. L’an passé, les essais ont été menés sur quinze bandes réparties dans le département.
Semer tôt pour récolter tôt
« Le mélange utilisé fonctionne bien. Il est précoce et souple d’exploitation. On a montré qu’il pouvait être riche en matière azotée totale (MAT) : 22 % dans les très bonnes bandes et une moyenne à 18,5 % », résume le conseiller. En 2024, la teneur en MAT moyenne reste de 18,5 % avec une valeur énergétique plutôt élevée (0,85 UFL/kg de matière sèche), contre 0,80 habituellement. Le rapport PDIE/UFL (niveau azoté des rations) est supérieur à 100. C’est un fourrage déséquilibré, riche en azote.
« La question se pose de le semer plus tôt, entre le 20 et le 30 septembre, pour récolter avant le 15 avril. En effet, le rendement est faible (4 tonnes de matière sèche/ha) et la teneur en MAT du seigle forestier baisse à mesure que le stade de récolte avance (18,5 % au stade montaison au 10-15 avril et 10,4 % au stade épiaison entre fin avril et début mai). Cela augmente donc le coût du fourrage. Nous avons observé que le stade de récolte du seigle impacte fortement le méteil démontrant que la céréale joue un rôle majeur sur la valeur alimentaire du mélange », précise-t-il.
Le méteil s’avère polyvalent en fonction du stade récolte. « Il est encombrant pour les génisses ou pour pallier un manque de fourrage en vaches laitières en année compliquée. Il est aussi intéressant pour faire du lait car il est riche en protéines et digestible, ce qui marche avec des rations équilibrées avec des niveaux de production assez élevés », expose Antoine Yven.
Faciles à détruire
Sur le plan agronomique, les méteils précoces ont un effet structurant pour le sol avec une terre grumeleuse. Les chaumes sont faciles à détruire, il n’y a pas de repousses, ce qui évite un traitement au glyphosate comme après un ray-grass d’Italie. Ces mélanges plutôt étouffants limitent la pression des adventices.
Parmi les inconvénients, ces méteils sont vecteurs du piétin échaudage (étude Arvalis en cours) et sensibles à l’excès d’eau. « Avec un printemps humide et peu poussant, on se retrouve avec beaucoup de céréales à faible valeur et peu de légumineuses. C’est pourquoi il a été plus compliqué d’obtenir des mélanges précoces avec du seigle cette année. On a donc besoin d’avoir d’autres années climatiques pour compléter ces résultats », conclut Antoine Yven.