« Le prix du porc a déjà baissé de pratiquement 15 % la semaine passée, cette semaine, on verra bien… Mais on risque fort de travailler à perte pendant une sacrée période », témoigne cet éleveur de 58 ans, qui travaille avec femme et enfants à Jodoigne, en pleine campagne wallonne (centre-est).

La Belgique sur « la mauvaise liste »

« On entend dire que la Belgique sera sur la mauvaise liste pour les exportations pendant deux ans, c’est quand même énorme », ajoute-t-il. À la mi-septembre, la Belgique est devenue le premier pays de l’Europe occidentale touché par le virus de la peste porcine africaine.

Si aucun porc malade n’a encore été recensé, la psychose s’est installée dans la filière porcine, dont la production est fortement orientée vers l’exportation, dans l’Union européenne mais aussi vers l’Asie ou les anciennes républiques soviétiques.

Une décision radicale

Pour éviter toute contamination et limiter les dégâts en termes de réputation, alors qu’une dizaine de pays hors de l’Union européenne, ont déjà suspendu leurs importations, le ministre belge de l’Agriculture, Denis Ducarme, a annoncé l’abattage de 4 000 porcs.

David De Wilde, dont l’exploitation est située à plus de 100 kilomètres de la zone affectée, va, quant à lui, pouvoir continuer à vendre à l’abattoir les porcs qu’il engraisse. Il en compte 2 000 dans ses bâtiments. Cela ne l’empêche pas de compatir.

Des conséquences pour tous les éleveurs

« Psychologiquement ça doit être très dur, souligne-t-il. Avoir travaillé dans son élevage […]  pendant des années et puis du jour au lendemain tout perdre… » Malgré la distance, l’éleveur n’est pas épargné par les conséquences de la crise, qui a notamment compliqué tous les déplacements de porcs.

Le virus, contre lequel il n’existe aucun traitement, peut être présent sur les vêtements, les chaussures ou dans un véhicule. Et à l’heure actuelle, explique David De Wilde, « les transporteurs d’aliments viennent avec des camions désinfectés, et le chauffeur avec ses petites bottes en plastique jetables ».

La biosécurité avant tout

Heureusement, ce type de livraisons est limité dans l’exploitation familiale, car les céréales « sans OGM » qui nourrissent les porcs poussent en grande partie sur place. Les De Wilde cultivent aussi 60 hectares de maïs.

Autre effet concret de la phobie de ce virus : pour charger les animaux en direction de l’abattoir, les camionneurs n’ont plus droit à des haltes d’un petit exploitant à l’autre, poursuit David De Wilde.

Quitte à rouler en partie à vide, ils doivent s’y rendre directement après chaque chargement, le camion « lavé, désinfecté » à chaque aller et retour.

AFP