Avec l’interdiction de Basta F1 (glufosinate) et de Réglone (diquat), le nombre de défanants disponibles en pommes de terre s’est fortement réduit. « Il ne reste que Spotlight, à base de carfentrazone-éthyle, le pyraflufen dans Sorcier (pack Dolbi) et Gozaï (pack Gozaï Max), et le produit de biocontrôle Beloukha, précise Catherine Vacher, d’Arvalis. Beloukha seul à 16 l/ha, sa dose d’homologation, est difficilement envisageable sur pommes de terre car il revient très cher. Pour les variétés précoces, avec en général peu de fanes, un seul passage peut suffire. Pour des variétés plus développées, il faudra procéder à deux applications, voire trois. La première servira à détruire rapidement le feuillage et à enclencher la sénescence. La deuxième, cinq à sept jours plus tard, visera les tiges tout en limitant les repousses de feuilles. Avec la disparition des produits de type défanants, un troisième passage pourra être nécessaire selon l’année et la culture concernée. » La spécialiste d’Arvalis ne sait pas encore si, d’un point de vue efficacité, il est préférable d’appliquer d’abord un pyraflufen puis Spotlight, ou l’inverse, ou deux fois le même produit.
Du broyage au défanage électrique
Le broyage des fanes, en général en complément d’un défanant chimique, suscite de plus en plus d’intérêt. « Il supprime instantanément plus de 75 % de la végétation, reconnaît Michel Martin, d’Arvalis. Mais la largeur de travail et la vitesse d’avancement limitent le débit de chantier. Pour l’accroître, plusieurs constructeurs proposent des modèles à 6 rangs. C’est le cas par exemple de Grimme, Baselier ou AVR. »
Malgré un bilan énergétique élevé, le défanage thermique peut s’avérer une solution. « Des machines au gaz ont été mises au point dans les années 1990 (Moreau, Rabaud…), précise-t-il. Depuis quatre ans, Axinor propose un équipement avec des brûleurs à l’huile de colza, développé avec la Cuma des Hauts-de-France, Creative. Humeau a également fait naître une défaneuse thermique 2 rangs qui fonctionne au fioul. »
Certains constructeurs se sont orientés vers l’arrachage mécanique des fanes. « Un matériel Oldenhuis à ballons gonflables existe depuis une vingtaine d’années, indique le responsable d’Arvalis. Depuis 2017, Rema présente un équipement hydraulique à bandes totalement automatisé, associé à un organe coupe-racines. »
L’innovation la plus récente vient de la société Zasso et de sa défaneuse électrique, XPower. « Ce matériel électrocute les plantes à partir d’un générateur d’électricité connecté à la prise de force du tracteur, ajoute Michel Martin. Nous l’avons testé en 2019. Il permet un bon défanage de la culture avec une innocuité sur les tubercules, à condition d’opter pour la bonne puissance et la bonne vitesse d’avancement. »
Blandine Cailliez