La Nouvelle-Zélande évoque les grands espaces naturels et les pâturages de moutons. Mais au rythme où croît l’élevage laitier, ces images d’Épinal pourraient rapidement disparaître.
Depuis vingt ans, le nombre de bovins lait est passé de 2 à 6 millions de bêtes. Une progression spectaculaire, qui cache des évolutions encore plus rapides dans certaines régions, comme dans l’État du Southland, où le cheptel laitier a été multiplié par cinq en dix ans. Cette augmentation s’est faite au détriment des ovins, qui ne représentent aujourd’hui plus qu’un tiers du cheptel des années 1990.
Les animaux changent, et les techniques d’élevage aussi. Afin d’obtenir des pâturages assez riches pour les vaches laitières, l’irrigation et la fertilisation des prairies arides augmentent. En dix ans, les zones irriguées sont passées de 4 à 6 % de la surface agricole. En période estivale, il n’est plus rare de voir des vaches pâturer sous des bras d’irrigation de 500 mètres de long.
La qualité des cours d’eau se dégrade : des bactéries ont été détectées et d’autres contaminations, liées aux déjections animales, préoccupent les autorités sanitaires.Nitrates, phosphates et sédiments sont accusés de perturber l’écologie des rivières. Les urines d’élevage seraient, à elles seules, responsables de près de 80 % des nitrates dans l’eau (1).
« Dirty dairying »
Dès 2002, une association de chasse et de pêche dénonçait le « dirty dairying » (littéralement « l’élevage laitier sale »). La formule est aujourd’hui passée dans le langage courant et les vaches laitières ont mauvaise presse. C’est seulement en 2016 que des mesures gouvernementales pour protéger les cours d’eau ont été mises en place. « Ces mesures ont un effet localement, mais des études récentes montrent d’importantes pollutions issues des petits ruisseaux, en amont des sites ciblés par les mesures », explique Richard McDowell, de la faculté d’agriculture Lincoln University. « L’agriculture néozélandaise n’est pas subventionnée et la réglementation reste appliquée largement sur la base du volontariat », précise-t-il. La portée des mesures gouvernementales n’est pas, selon lui, à la hauteur des enjeux environnementaux. Les éleveurs n’ont pas fini d’entendre parler du « dirty dairying ».
(1) Selon une étude du ministère de l’Environnement intitulée Our fresh water 2017, New Zealand’s Environmental reporting series.