Protéger les captages d’eau potable des pesticides est une « urgence de santé publique », peut-on lire dans un manifeste, transmis à l’AFP vendredi 7 février 2025. Les 140 signataires, des élus de tous bords politiques du département de la Loire-Atlantique et des membres du bureau d’Atlantic’eau (syndicat qui approvisionne le département en eau potable), se disent « très inquiets » de la situation.

« Protéger durablement la qualité de l’eau potable »

« Il faut à tout prix que les politiques s’emparent de ce sujet car dans beaucoup d’endroits, le thermomètre de la santé environnementale est dans le rouge », a affirmé à l’AFP la députée Sandrine Josso (MoDem) signataire du manifeste. Député écologiste à l’origine à la fin d'octobre 2024 d’une proposition de loi « pour protéger durablement la qualité de l’eau potable », Jean-Claude Raux espère une « prise de conscience collective ».

« Il y a un nombre incalculable de réunions auxquelles j’ai pu participer, où l’on prononçait les mots : reconquérir la qualité de l’eau. Moi aussi j’ai prononcé cette phrase-là des dizaines de fois. Malheureusement, le constat que nous devons faire les uns les autres, c’est celui d’un échec global », affirme-t-il.

Mieux accompagner les agriculteurs

D’après le manifeste, « les pollutions les plus préoccupantes sont liées à la présence de nitrates et de pesticides. Parmi eux, le S-métolachlore, le chlorothalonil, associés à des risques de cancer, dont les dépassements de limite interpellent autant que ceux concernant les nitrates ». Le texte évoque aussi « d’autres risques avérés » : « maladie de Parkinson, perturbateurs endocriniens et enfin tous les effets cocktails, c’est-à-dire les effets conjugués de ces substances chimiques qui ne sont que peu connus », poursuivent les signataires.

À Machecoul-Saint-Même, au sud-ouest de Nantes, « l’eau de la nappe n’est plus potable depuis des années, puisqu’elle subit des taux de nitrates et de phytosanitaires qui sont bien au-delà des seuils acceptables », explique Laurent Robin, maire (sans étiquette) de la commune, signataire du manifeste. « On est dépendant d’une eau qui provient de l’agglomération nantaise » dans laquelle l’eau de la commune est diluée à 75 %, explique-t-il.

Il ne s’agit toutefois « en aucun cas » de « taper sur les agriculteurs », précise-t-il, mais de les accompagner « pour qu’ils retrouvent des pratiques plus conformes à l’intérêt général, tout au moins sur ces zones de captage ». Le manifeste s’interroge à ce sujet sur la possibilité de « traiter le sujet à la racine » en redirigeant les « sommes très conséquentes englouties pour tenter de reconquérir la qualité de l’eau » et n’ayant pas « l’effet escompté » vers l’accompagnement des agriculteurs.