En France, le changement climatique pourrait entraîner une hausse de l’usage des produits phytosanitaires de 7 % à 15 % d’ici à 2050, comparativement à la période de 2014 à 2019. C’est la conclusion d’une étude (lien en anglais) réalisée par des chercheurs de l’Inrae et de l’Université de Lorraine, publiée en mars 2024 dans la revue European Review of Agricultural Economics. Ils se projettent dans un scénario où les émissions de gaz à effet de serre se stabilisent à un niveau faible avant la fin du XXIe siècle (1), et toutes choses égales par ailleurs.

Conditions favorables aux adventices et ravageurs

Alors que les plans Ecophyto visent à réduire de moitié l’usage des produits phyto, les chercheurs jugent que « parvenir à de telles réductions devient encore plus difficile dans le contexte du changement climatique ». Plus le climat se réchauffe, plus les conditions sont favorables au développement des adventices et ravageurs. Elles dégradent par ailleurs l’efficacité des produits (hausse de la volatilisation et de la lixiviation, accélération de la dégradation des substances) et favorisent l’apparition de résistances.

Les ventes de phytos sont restées stables en 2022 (16/07/2024)

La hausse anticipée est plus marquée pour les herbicides et fongicides que pour les insecticides. Par ailleurs, les auteurs soulignent que les plus fortes hausses « concerneraient les produits les plus toxiques » pour l’environnement et la santé humaine.

L’évolution des surfaces non prise en compte

Dans leur étude, les auteurs estiment que les hausses sont « largement influencées par les chocs climatiques du printemps », et que les régions spécialisées dans la production de céréales et oléagineux sont les plus sensibles. Ils précisent que leurs projections prennent en compte les effets des conditions météo sur la pression des ravageurs et l’efficacité des produits par exemple, mais pas les éventuelles évolutions de surfaces ou des zones de culture.

Les chercheurs ont basé leurs projections sur les données de ventes de produits phyto, à défaut, expliquent-ils, de disposer des données d’usage réel à une échelle suffisamment fine.

(1) Scénario RCP4.5 établi par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).