Les produits phytopharmaceutiques et biocides contiennent-ils des nanoparticules, ces particules de taille inférieure à 100 nanomètres (nm) ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’était autosaisie de la question le 9 avril 2024, et avait commandité une étude exploratoire. Elle a rendu ses conclusions le 16 avril 2025.
Des nanoparticules constatées
L’Anses a testé plusieurs types de produits : les produits phytos sous forme de poudres (mouillables ou non) et les produits liquides (concentrés ou capsules en suspension). En ce qui concerne les produits sous forme de suspension de capsules, la présence de nanoparticules a été détectée « dans certains produits mais dans des proportions trop faibles » pour pouvoir conclure.
Tous les autres produits testés, à l’exception d’un biocide, « contiennent des particules de taille inférieure à 100 nm », indique l’Anses. Elle précise que « la proportion des particules est très variable en fonction du type de produits et de leurs compositions. »
Argile et silice
Pour cette étude, l’Anses précise qu’elle a principalement sélectionné des produits phytos contenant des co-formulants constitués d’argile ou de silice. Ce sont en effet ces produits qui sont majoritairement retrouvés dans le cadre de R-nano, le dispositif de déclaration obligatoire des nanomatériaux en France.
L’Anses indique que ces résultats ont été mesurés sur les produits commercialisés, et ne sont pas nécessairement représentatifs des résidus de produits une fois appliqués. En effet, la forme des particules peut être modifiée lors de la pulvérisation, ou après. Et compte tenu de l’état des connaissances sur ces « modifications possibles », « il existe une incertitude forte sur les niveaux d’exposition des personnes et des organismes de l’environnement. »
« Réduire le plus possible les nanoparticules »
« Cette étude exploratoire n’avait pas pour objectif de conduire une analyse quantitative des risques », souligne l’Anses. Elle recommande néanmoins de « réduire le plus possible les nanoparticules susceptibles d’être présentes dans les produits lorsque l’exposition ne peut pas être considérée comme négligeable pour les personnes et les écosystèmes. »
« Réduire au minimum l’exposition à la source est une démarche pertinente en raison de la forte incertitude sur les niveaux expositions aux nanoparticules et de la complexité des méthodologies d’évaluation des risques en particulier pour l’environnement », appuie l’Agence.
Le règlement sur les produits phytopharmaceutiques ne contient pas de dispositions spécifiques pour les nanomatériaux, contrairement à celui sur les biocides.