Des sprinklers régulièrement disposés sur les toits de deux bâtiments et arrosant leurs panneaux solaires : telle est la curieuse vision qui apparaît à l’approche de l’exploitation de Philippe Anger, à Ossé près de Rennes. Installé depuis 1983 et éleveur de dindes, l’exploitant a investi dès 2009 dans l’énergie photovoltaïque, avant le moratoire de 2010. « Le coût de l’installation était alors de 4,96 € le kilowattheure crête. Mais celui du prix d’achat de l’électricité était d’environ 0,60 €/kWh », se souvient-il. Ce niveau élevé et garanti pour vingt ans lui a permis de réinvestir en 2016 dans un système d’aspersion. « En abaissant la température par arrosage, mon objectif est de gagner en productivité et d’assurer, voire améliorer la longévité des panneaux, décrit l’éleveur. D’autant que l’eau les nettoie aussi en partie. » Le principe de la solution adoptée par Philippe Anger réside dans la récupération d’eau pluviale, puis en son recyclage par aspersion sur les toitures. « L’eau est stockée dans une citerne souple de 200 m3 de capacité, précise-t-il. Elle a été dimensionnée en fonction de la surface à refroidir et du climat. Un système de pompage et de filtration est placé à côté. Le retour de l’eau est gravitaire. Il y a un rejet d’eau sale à prévoir. Pour tout cela, l’une des conditions à la réalisation de l’installation était que je possède un emplacement disponible d’environ 500 m2 ».
2 200 m2 arrosés
Le système est légèrement surdimensionné en prévision d’une extension sur les panneaux solaires du bâtiment abritant les poulaillers. 2 200 m2 de cellules photovoltaïques sont aujourd’hui arrosées. Un sprinkler doit refroidir une surface de 8 à 10 m2. Cette installation en multibâtiments est l’une des premières dans le Grand Ouest. Elle a donc dû essuyer quelques plâtres, notamment à la mise en route. En effet, il n’avait pas assez plu pour remplir la citerne souple. Or les panneaux sont d’autant moins arrosés que le niveau de remplissage de la citerne est réduit. « Il y a aussi eu des soucis de colmatage trop rapide au niveau de la filtration, précise Philippe Anger. Avec l’installateur, nous avons décidé de changer de modèle et avons opté pour des plaques striées. Le filtre est autonettoyant et une vanne by-pass a été ajoutée. Il suffit de le laver une fois par an pour le nettoyer. »
+ 10 % de production
Ces contretemps ont fait reculer la pleine mise en service au mois de juin 2017. Mais l’éleveur a déjà pu estimer les gains de productivité pour la période estivale. « Mon installation a fourni entre 9 et 10 % de plus d’électricité. » Il évalue le coût d’exploitation entre 500 et 1 000 € par an, surtout pour la maintenance et le pompage. L’investissement pour ce système s’est de son côté élevé à environ 50 000 €. Les dernières finitions concerneront sa mise hors gel.