Produire des agneaux toute l’année relève du défi avec des races bouchères. Le lycée agricole Nature de La Roche-sur-Yon, à la tête de 390 brebis vendéennes, y parvient grâce à la mise en place du traitement lumineux pour les luttes de contre-saison. « Nous n’avions pas d’autre solution car en agriculture biologique nous ne pouvons pas recourir à l’usage des hormones (1) », explique Patrice Briand, le directeur de l’exploitation.
En ovins, les chaleurs se déclenchent naturellement lorsque les jours raccourcissent, dès fin août. « C’est un mécanisme qui fait intervenir la mélatonine, une hormone sécrétée naturellement pendant la nuit », souligne Stéphane Migné, de la chambre d’agriculture de Vendée. Le traitement lumineux vise à reconstituer cette succession de jours longs, suivis de jours courts. Concrètement, au lycée agricole, pour une mise en lutte fin mars, le traitement lumineux démarre le 8 novembre. Dans un premier temps, pendant quatre-vingts jours, les brebis sont soumises à un éclairement durant dix-sept heures. Depuis 2017, cela se passe dans la bergerie neuve équipée d’une rangée d’ampoules led. De 5 h à 22 h, les ampoules s’allument, y compris le jour, quand la luminosité de 200 lux au niveau des yeux des brebis n’est pas atteinte. « Les ampoules led sont économes en consommation, explique Stéphane Migné. Dans une bergerie, il convient d’aménager un éclairage en complément des néons existants pour obtenir un éclairage de 10 watts par m2. Cela revient souvent à doubler les néons en place. »
Au lycée agricole Nature, le traitement lumineux s’arrête le 27 janvier. La durée des jours est encore bien courte à cette date (neuf heures et douze minutes le 27 janvier) et même s’ils rallongent au bout de soixante-quinze jours, les brebis viennent naturellement en chaleur.
Résultats homogènes
« Au début des années 2010, nous avons conduit des essais dans différents élevages et les résultats techniques du lot « lutté » en mars, grâce au traitement lumineux, étaient conformes à ceux des autres lots de l’élevage », précise Stéphane Migné. Ce constat est valable pour le lycée agricole. Entre 2013 et 2016, les fertilités sont satisfaisantes entre 67 et 73 %. La prolificité entre 1,7 et 1,97 agneau né par brebis est aussi à la hauteur de celle des autres lots. « Nous veillons toutefois à sélectionner des brebis en bon état pour la mise à la reproduction, insiste Patrice Briand. Cette règle vaut pour tous les lots si l’on veut obtenir de bons résultats. »
Les béliers suivent le même traitement lumineux que les brebis. Au lycée agricole, ils sont conduits dans un lot à part sur l’aire paillée. À la fin du traitement lumineux, ils sont éloignés des brebis pour créer un « effet bélier » et renforcer la venue en chaleur des brebis dès le début de la lutte (deux mois plus tard).
Manipulations réduites
« Par rapport à un traitement hormonal, la prolificité des brebis est plus homogène, constate également Stéphane Migné. La technique reste simple, mais demande de la rigueur pour le suivi du protocole. Le traitement lumineux est à réserver aux brebis et, s’il s’intègre bien, dans une conduite à un agnelage par an, il ne convient pas aux systèmes accélérés. » Par rapport à la synchronisation hormonale, les manipulations sont réduites.
Côté coût, si l’on considère que le doublement des néons revient à 1 000 €, la charge annuelle avec la consommation électrique pour un lot de 100 brebis s’élève à 343 € (143 € d’amortissement + 200 € d’électricité). Soit l’équivalent d’un traitement hormonal, souligne Stéphane Migné.
(1) Les traitements hormonaux sont interdits en agriculture biologique.