«Si l’emploi d’antibiotiques est nécessaire pour la santé des agneaux et des chevreaux, il doit être réservé à des situations particulières et s’accompagner d’un protocole d’administration rigoureux », déclare Renée de Crémoux, vétérinaire à l’Institut de l’élevage.

En amont, les mesures sanitaires de précaution peuvent éviter de recourir aux traitements et représentent un atout pour la rentabilité de l’atelier.« L’organisation autour des mises bas fait partie des moyens pour limiter les risques d’apparition des pathologies », souligne-t-elle. L’allotement, au même titre que l’isolement de la brebis dans une case au cours des premières heures qui suivent l’agnelage, sont des pratiques qui facilitent le travail et la surveillance. Regrouper des animaux du même âge permet aussi de réduire les contaminations croisées. Le renouvellement du paillage dans les cases contribue également à de bonnes conditions d’hygiène. Plus généralement, l’ambiance dans le bâtiment, adaptée à la conduite des jeunes animaux, limite le risque d’apparition des maladies. « La désinfection du nombril, de la queue et des boucles est un geste simple qu’il convient de ne pas négliger, ajoute-t-elle. Plus vite on ferme la voie d’entrée des bactéries, plus on limite le risque d’apparition de maladies, comme l’arthrite. »

La vétérinaire insiste aussi sur l’aspect fondamental de la prise du colostrum au plus tôt par le nouveau-né. « S’il est difficile d’assister à toutes les tétées, il est important de vérifier que la caillette est bien pleine en passant la main sous l’animal et en le soulevant. »

L’enregistrement précis des évènements sur le carnet sanitaire est également un élément majeur de l’arsenal préventif à mettre en place. « Au moment du bilan, l’analyse des informations peut, par exemple, révéler un défaut de conduite. Cette erreur, ainsi mise en évidence, pourra être corrigée pour les lots suivants », ajoute Renée de Crémoux.

 

Usage curatif exclusif

En cas de maladies, le recours aux antibiotiques s’effectue de façon raisonnée. Leur administration répond à des règles strictes, qui visent à limiter l’apparition des antibiorésistances afin de préserver les solutions thérapeutiques existantes.

Il est important de respecter la posologie pour que l’efficacité des médicaments reste optimale.

« Mieux vaut peser les agneaux car l’estimation à l’œil est souvent trompeuse. La dose de médicament est prévue au kilo près, précise Renée de Crémoux. Il est ensuite important de respecter la fréquence de traitement comme l’indique l’ordonnance. En adoptant un système de marquage des animaux, il est plus facile de les repérer. L’utilisation d’un matériel stérile et adapté à leur taille est préconisée. Dans les 24 à 48  heures qui suivent le traitement, l’amélioration de leur état de santé doit être visible. Si tel n’est pas le cas, il convient de rappeler le vétérinaire de l’exploitation pour mettre en place une nouvelle stratégie de contre-attaque. »

M.-F. Malterre