«J’ai décidé de passer à l’offensive. » Nicolas Hulot, qui connaissait un « coup de mou » médiatique, vient de s’offrir un « coup de com’ » en annonçant la réintroduction de deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques.

Et faire de la communication avec ce que certains voient comme de « gentils nounours », c’est tout miel. Reste que cette annonce est faite brutalement alors que le premier ministre écrivait encore mi-janvier que la possible réintroduction du plantigrade était « à l’étude » et qu’une mission a été lancée pour « identifier des pistes de solutions » en Ariège, où la situation est très tendue.

Le ministre de l’Écologie, caution du gouvernement auprès d’une partie de l’électorat, peut manifestement passer outre une certaine concertation. Certes, il demande au préfet « d’enclencher un dialogue ». Mais quand on voit comment se sont passées les discussions sur le plan loup, à l’issue desquelles les professionnels de l’élevage se sont sentis méprisés, on peut être inquiet. En fait, le ministre veut mettre en œuvre ce que Nicolas Hulot, militant écologiste, réclamait il y a un an à la ministre en place. Pour justifier cette réintroduction, il se base sur la nécessité de « sauver la biodiversité ». Le plantigrade est pourtant à l’origine d’importants dégâts sur des troupeaux ovins de l’Ariège. Et les éleveurs concernés, qui travaillent dur pour un revenu souvent maigre, n’en peuvent plus.

Or, c’est bien le pastoralisme et cette agriculture extensive qui permettent la préservation d’une riche biodiversité dans ces zones difficiles, qui assurent l’entretien des paysages, avec à la clé la fourniture de produits de qualité. C’est donc au maintien des éleveurs qu’il faut œuvrer en ne compliquant pas leur tâche au quotidien. Car les mesures de protection face à l’ours ont montré leurs limites. Et si le nombre des éleveurs diminue, celui des ours bruns a augmenté. Pour redorer son image, en choisissant la réintroduction de l’animal plutôt que le soutien aux bergers, Nicolas Hulot risque de raviver la guerre de l’ours.