Le pâturage des céréales d’hiver est une pratique ancienne que Jean-Roch Lemoine, à la tête de 1 720 brebis et 222 ha de cultures à Champfleury dans l’Aube, remet au goût du jour. Depuis la mi-février, il a fait consommer 28 ha de blé et d’escourgeon d’hiver. « Le but est d’économiser le premier apport d’azote de 40 u/ha, explique-t-il. Les brebis, grâce à leur piétinement vont favoriser le tallage. »
Jean-Roch n’a cependant aucune certitude sur cette estimation. La bibliographie sur la technique est « maigre ». Pour Laurent Burgy, conseiller grandes cultures au GRCETA de l’Aube, « il est difficile d’évaluer l’impact du pâturage sur la récolte. Le piétinement peut avoir un effet positif sur le tallage, mais il faut veiller à ne pas surpâturer. » Jean-Roch a respecté cette précaution. Le lot de 450 brebis a tourné sur les parcelles de 2,5 ha tous les jours, voire plus vite. « Les céréales étaient plus ou moins feuillues selon les parcelles, indique-t-il. La biomasse à pâturer dépend de la date de semis et de la variété. »
Économie de fourrages
Dans l’immédiat, Jean-Roch a économisé douze jours de ration pour 450 brebis, soit environ 443 €. Le mélange distribué aux brebis à l’entretien ou en début de gestation est composé de 3 kg bruts de pulpes de betteraves surpressées (50 €/t de MS) et de la paille de ray-grass porte-graines (32 €/t de MS). Disposée à volonté, les brebis en mangent 1 kg par jour.
La contrainte de la technique, c’est l’installation des clôtures et l’apport d’eau. « Il nous faut trois quarts d’heure à deux pour poser les trois fils sur 2,5 ha, et autant pour les enlever », détaille Sophie Lemoine, la sœur de Jean-Roch, salariée de l’exploitation. Les exploitants sont rodés pour cette opération, car les brebis sont habituées à consommer les cultures intermédiaires pièges à nitrates.