Les ballots de laine s’entassent dans les granges depuis deux ans. La fibre trouve difficilement preneur. Les curons deviennent même introuvables.

« Cette situation est liée à l’envol des prix en 2017, souligne Audrey Désormeaux, chargée de projet à la Fédération nationale ovine. Les tarifs avaient atteint des sommets. La Chine, le plus gros consommateur et transformateur mondial de la fibre, s’est alors tournée vers d’autres produits alternatifs. » L’arrivée de la Covid-19 en 2020 a continué de bouleverser les échanges. Aujourd’hui, le pays s’approvisionne de nouveau. « Ses achats sont toutefois mesurés, observe Audrey Désormeaux. Ses besoins ne retrouveront pas le niveau d’antan. »

En France, la laine la plus fine, issue de mérinos, parvient à trouver preneur autour de 0,50 €/kg pour les meilleurs lots. Les laines de brebis herbagères, avec une fibre intermédiaire, partent à 0,10 €/kg. C’était, par exemple, le tarif pratiqué le 21 juin 2021 sur le foirail de Chénérailles, dans la Creuse. Les toisons jarreuses, en revanche, sont délaissées.

De petits volumes bien valorisés

Dans ce contexte, quelques éleveurs parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu via des filières de valorisation courtes. « Une partie des Français retrouvent un intérêt pour s’approvisionner en produits locaux, mais cela représente un faible volume », observe Audrey Désormeaux. Les pulls ou autres matelas proposés ne sont pas à la portée de toutes les bourses.

La filière française souffre de l’absence d’outils de lavage et de transformation (filature…) sur notre territoire. « Le chemin est encore long pour retrouver le niveau d’autrefois », estime Audrey Désormeaux. M.-F. M.