Détruire jusqu’à 95 % du stock de ray-grass et 99 % des folles avoines, telle est la promesse du destructeur de menue paille australien IHSD, testé pour la première fois en France chez Nicolas Galpin à Auvernaux, dans l’Essonne.

Le Harrington Seed Destructor (HSD) doit son nom à son inventeur, le farmer australien Ray Harrington. Le groupe australien De Bruin a racheté le brevet et commercialise l’Integrated Harrington Seed Destructor depuis trois ans autour de 160 000 dollars (100 000 euros), installation comprise. Une soixantaine de fermes australiennes en est équipée. « Le récupérateur plus connu sous nos latitudes impose un volume énorme à traiter par la suite. Je cherchais un matériel capable de tout faire d’un coup », raconte l’agriculteur essonnien, qui entretient des relations affectives avec l’île-continent. Il a profité d’une de ses visites en décembre 2017 pour observer le matériel en conditions avant de le recevoir chez lui peu de temps avant les moissons. Un premier test dans les conditions européennes.

Réduire le salissement

« En Australie, ça roulait bien. Ils récoltent entre 9 et 11 % d’humidité et compensent les faibles rendements par le débit de chantier. À machine équivalente, on traite le même tonnage de grains à l’heure mais la quantité de paille est bien supérieure chez nous », explique Nicolas Galpin.

Économiser des désherbages intéresse tous les systèmes céréaliers. Sur le papier, entre 93 et 99 % des graines d’adventices sont pulvérisées par le broyeur et les moulins (1). « Les résultats ne sont pas visibles dès la première année (2). Il faut attendre deux ou trois ans pour affaiblir significativement le stock semencier », précise-t-il.

Reste que les chardons et autres matricaires lui ont mené la vie dure. « Lorsque c’est trop vert, les bourrages arrivent vite, souligne le céréalier. D’ailleurs, son concepteur conseille de faucher avant de battre pour que les menues pailles s’assèchent. »

130 ch supplémentaires

Les techniciens ont fait le voyage d’Australie. Quatre jours d’atelier ont été nécessaires pour installer et raccorder tous les éléments du destructeur de menue paille, un réservoir hydraulique, une pompe hydraulique et un radiateur, sur la machine de Nicolas, une Claas Lexion 770 Terra-Trac de 585 chevaux avec barre de coupe de 9,30 m. L’équipement est adaptable sur les quatre marques principales : John Deere, Case IH, New Holland et Claas.

Deux rotors et deux stators sont placés derrière les grilles et fonctionnent comme des moulins qui, à raison de 2 800 tours minutes, entrechoquent les graines d’adventices jusqu’à 5 à 6 fois (3) entre les lames métalliques avant de les recracher sous forme de poussières. « L’avantage est que le système hydraulique est indépendant, sauf sortie de pompes, mais il reste très gourmand en énergie », constate Nicolas. En Australie, l’IHSD absorbe en moyenne 120 chevaux. Dans les conditions françaises de l’année, plus de 130 chevaux s’avéraient nécessaires pour faire tourner le destructeur auquel s’ajoutaient les besoins du broyeur, plus importants en Europe. En chantier, le nombre de décibels et la poussière dégagée ne laissent d’ailleurs aucun doute quant à son besoin en puissance (lire encadré page 44). « Des adaptations à nos conditions de récolte sont nécessaires », reconnaît l’agriculteur essonien. Cet hiver, avec l’aide du constructeur, il espère améliorer l’IHSD pour les prochaines campagnes afin de limiter les bourrages. L’invention australienne doit encore faire ses preuves sur le Vieux Continent.

(1) Selon la Western Australia University, plus de 99 % des graines de mauvaises herbes qui entrent dans l’IHSD sont détruites. Soit 93 à 97 % des semences de ray-grass annuelles, 99 % pour les graines de folle avoine et bromes.

(2) Le Ceta, auquel adhère le céréalier, a fait des prélèvements dans les poussières de menue paille lors de la campagne afin d’observer les levées potentielles de ray-grass.

(3) C’est le nombre de chocs nécessaires pour anéantir la capacité germinative des graines d’adventices, selon la Western Australia University.