Incorporer des algues dans les aliments destinés à l’élevage pourrait bien contribuer à lutter contre l’antibiorésistance. Depuis trois ans, l’Inra Val de Loire de Tours, en collaboration avec une société spécialiste des macroalgues, Olmix, s’efforce à mettre au point des molécules bioactives pour la santé animale à partir des algues vertes marines. Récoltées en Bretagne, ces dernières contiennent jusqu’à 70 % de polysaccharides sulfatés, appelés MSP (Marine sulfated polysaccharides) dans leur biomasse.
Stimuler l’immunité
Les chercheurs de l’Inra ont testé, in vitro, des extraits riches en MSP sur 42 souches de bactéries pathogènes isolées dans des élevages (canard, poulet, ovin, porc). Résultat : les MSP diminuent la croissance des bactéries pathogènes. D’autres extraits ont été mis en contact avec des cellules de l’intestin, premier organe en contact direct avec les aliments. Les MSP se sont révélés capables de moduler la flore intestinale, donc de stimuler l’immunité. « Nous avons mis en évidence une stimulation d’un ensemble d’indicateurs de l’immunité. Ces résultats préliminaires, mais très prometteurs, montrent que cet extrait pourrait réduire l’utilisation des antibiotiques dans les élevages. Cependant, des tests in vivo, effectués directement sur l’animal cible, sont nécessaires pour le démontrer », juge Mustapha Berri, ingénieur de recherche et directeur de cette étude à l’Unité mixte de recherche (UMR) infectiologie et santé publique.
Olmix a déjà effectué ce type d’essais sur des volailles, avec un extrait d’algue administré dans l’eau de boisson. Cela permet d’améliorer les paramètres zootechniques, de réduire la mortalité et d’optimiser la prise vaccinale. L’étude in vivo continue et devrait être finalisée en fin d’année. Olmix dispose de deux brevets sur des compléments à base d’algue, désormais légitimés par les tests de l’Inra. Sa démarche intègre un audit de l’élevage, des mesures de biosécurité et un programme sanitaire avec plan prophylactique. A. Richard