Simon Baille-Barrelle est associé avec son frère Vincent sur une exploitation de 260 ha située au sud de Poitiers (Vienne). Ensemble, ils gèrent une vingtaine d’hectares de vergers et près de 240 ha de grandes cultures (blé, orge, colza et maïs). Les trois quarts de cette surface sont irrigables, et la majorité du parcellaire est constituée de terres de groies superficielles avec des réserves utiles assez faibles, de 20 à 60 mm. Pour l’irrigation, les deux frères possèdent trois enrouleurs et deux pivots couvrant respectivement 10 et 17 ha. L’exploitation dispose d’une retenue et d’un quota de pompage dans une rivière. « Nos ressources sont limitées, il faut donc bien les gérer, souligne Simon Baille-Barrelle. Nous avons découvert l‘intérêt des sondes par le biais de l’association des irrigants de la Vienne (Adiv) à laquelle nous adhérons. La ferme en possède actuellement deux achetées en 2020. C’est un outil fiable pour connaître le niveau d’humidité réel du terrain et adapter les tours d’eau en conséquence. »

Humidité par horizon

Ces sondes proviennent de l’entreprise TCSD, basée à Montauban, concepteur et fabricant du matériel Comsag. La tige à enterrer mesure 60 cm de longueur, avec un diamètre de 40 mm. Pour les placer en terre, l’agriculteur utilise une grosse mèche à bois montée sur une perceuse sans fil. Selon les parcelles, il n’est pas toujours possible de descendre assez profond car la roche mère est parfois trop proche de la surface. Chaque sonde dispose d’un capteur pour la température du sol et d’un pluviomètre qui est placé sur un piquet réglable en hauteur. L’ensemble est complété par un boîtier électronique avec une antenne pour la collecte et le transfert des données. « J’essaie de les positionner dans une zone représentative avec une profondeur de sol correspondant à la moyenne, explique l’exploitant. Je choisis un emplacement à une vingtaine de mètres environ des passages d’enrouleurs en évitant bien sur les zones de recroisement. La sonde envoie les données relevées par radio, et je les retrouve sur l’application du fabricant. Je connais ainsi le niveau d’humidité par horizons de 10 cm d’épaisseur. Cela me permet de planifier les besoins selon le stade de la plante et la météo annoncée ».

Pratiques confortées

Les sondes sont déplacées selon les besoins des cultures : généralement dans du blé au printemps puis dans le maïs à partir du mois de juin. Grâce aux stations météo, l’irrigant connaît l’évapotranspiration de sa culture et donc le stock d’eau encore disponible en terre pour les plantes. Il peut ainsi plus facilement anticiper ses apports : « Concrètement, la sonde m’a souvent conforté dans mes pratiques en montrant que je n’avais pas tendance à “surirriguer”, ajoute Simon Baille-Barrelle. En début de saison, c’est tout de même très intéressant de mesurer à quel moment il devient opportun de déclencher le premier tour d’eau, notamment lors d’une année fraîche et arrosée comme 2024. C’est la même chose en fin de cycle pour le remplissage des grains : les données fournies par l’application m’ont permis plusieurs fois de constater qu’il n’était plus nécessaire d’arroser, alors que sans cet outil j’aurais peut-être fait un passage de plus.

Le prix d’un tel matériel est d’environ 1 300 à 1 500 € par sonde à placer au champ. Un montant auquel s’ajoute l’achat pour 700 € d’une station météo placée à l’extérieur du champ pour mesure la pluviométrie à l’échelle de l’exploitation. Selon les bassins-versants, il peut exister des aides financières pour s’équiper. « Chiffrer le retour sur investissement est très difficile, admet Simon Baille-Barrelle. Les sondes apportent toutefois de précieuses informations pour prendre la bonne décision au meilleur moment. Avec une ressource limitée, nous n’utiliserons pas forcément moins de volumes d’eau sur l’année. Mais ces quantités seront vraiment mieux valorisées. En rapportant ces chiffres à la tonne de grain produite, il en résulte donc une réelle économie, et nous évitons les gaspillages. »