« Avec la tuberculose, les avancées ne se concrétisent jamais du jour au lendemain », résume Maria Laura Boschiroli, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) (1). L’identification des modalités de transmission par le séquençage génomique est au cœur des recherches portées par l’Agence concernant la tuberculose bovine.

Le séquençage pour identifier les souches

« Plus de cent souches ont été analysées à ce jour, dont 88 issues de prélèvements sur des bovins à raison de trois par cheptel contaminé chaque année, indique Lorraine Michelet, de l’Anses. Onze blaireaux et un sanglier figurent également dans les analyses. » Le séquençage vise notamment à identifier l’origine potentielle d’une rechute au sein d’un cheptel. « Les résultats doivent être croisés avec les données épidémiologiques pour pouvoir conclure, souligne Lorraine Michelet. Ils permettent parfois de différencier une résurgence ou l’introduction d’une nouvelle souche. »

Éviter les abattages diagnostiques

Plusieurs travaux sont aussi en cours pour améliorer la fiabilité des tests sur différentes matrices biologiques afin d’éviter les abattages diagnostics. « Une étude en Espagne reposant sur la métabolomique et la spectrométrie de masse apparaît porteuse d’espoir mais la spécificité de ces techniques pour identifier la tuberculose reste à confirmer », note Maria Laura Boschiroli.

En Normandie, un projet ciblant l’hôte de la maladie est en passe d’être déposé afin d’améliorer le diagnostic ante mortem et le corréler au statut clinique. « Nous voulons approfondir l’aspect génétique pour déterminer s’il existe des animaux plus résistants, explique Fabienne Benoît, directrice du Labéo (Pôle interdépartemental d’analyse et de recherche de Normandie). Par ailleurs, nous souhaitons déterminer si le métabolisme de l’animal peut jouer un rôle. »

Les Anglais et les Irlandais ayant démontré des facteurs génétiques, l’enjeu est de vérifier si des résultats similaires sont obtenus en France. Maria Laura Boschiroli a également évoqué l’expérimentation de vaccination en Grande-Bretagne, laquelle n’est toutefois pas compatible avec le statut indemne de l’Union européenne.

À ce stade, le vaccin BCG utilisé pour les humains n’apparaît pas suffisamment protecteur et, surtout, il pose le problème d’une différenciation des animaux vaccinés de ceux qui ont été contaminés. Testée outre-Manche, la production de tuberculine synthétique qui permettrait cette différenciation n’apporte pas à ce jour de réponse immunitaire suffisante.

(1) Intervention lors du colloque organisé par le Groupement de défense sanitaire (GDS) du Calvados et le Groupement technique vétérinaire (GTV) normand en septembre 2025. (2) Pôle interdépartemental d’analyse et de recherche de Normandie.