Ne pas me réfugier derrière des textes

En tant que maire, mon rôle est de tout faire pour assurer la sécurité et le bien-être de mes administrés. Quand un loup attaque un troupeau, c’est un carnage. Pour les éleveurs qui aiment leurs brebis, c’est très dur à vivre. Je comprends qu’ils soient révoltés et réclament le droit de les défendre. Je suis un élu de proximité, et je connais bien ces éleveurs. Je ne peux pas rester insensible à leur souffrance ou me réfugier derrière les textes sans rien faire. Je me dois de prendre en compte ce qu’ils vivent et les aider activement. Lorsqu’ils sont venus me voir au printemps, j’ai transmis leurs demandes de tir de défense à l’administration en les appuyant. Malgré mes relances, il a fallu attendre mi-septembre pour obtenir une réponse. Pendant ce temps, le loup a multiplié les attaques. Il faut dire qu’avec 4 000 brebis sur la commune, il dispose d’un bon garde-manger !

Prendre en compte la réalité du terrain

Dans sa réponse, l’administration s’en tient à une lecture stricte de la loi, qui impose en préalable de mettre en place des mesures de protection. Mais celles-ci ne servent à rien dans un système pastoral. Les éleveurs n’ont pas envie d’investir dans quelque chose d’inutile. Et je les comprends. La loi doit prendre en compte la réalité. Et quand ce n’est pas le cas, il faut la faire évoluer.

Provoquer… un débat

Si j’ai pris des risques juridiques en prenant un arrêté autorisant les battues contre le loup (1), c’est pour provoquer un débat. Je ne veux pas son éradication. Mais dans les zones pastorales comme la nôtre, la cohabitation n’est pas possible. Il faut accepter l’évidence. L’État doit réagir avant qu’une meute ne s’installe. Il doit prendre des mesures de régulation efficaces pour que les éleveurs puissent exercer leur métier sans avoir la menace des attaques qui pèse sur eux.

Nous avons besoin des éleveurs

L’arrivée du loup remet en cause le tissu social, le dynamisme de la commune. L’agriculture est la principale activité économique avec le tourisme. Les deux sont liées, car si les randonneurs peuvent apprécier de beaux paysages ouverts, avec de la biodiversité, c’est grâce au travail d’entretien des éleveurs.

Découragement

L’un d’eux, découragé par les attaques, a déjà arrêté l’élevage ovin pour se consacrer à ses abeilles et à ses châtaigniers. Si un jeune ne reprend pas sa suite, c’est tout un versant qui va s’embroussailler, ce qui va accroître les risques d’incendie. Sur d’autres exploitations, quatre éleveurs ont pris la relève de leurs parents. N’attendons pas qu’ils se découragent à leur tour. Les jeunes qui restent sur la commune amènent des enfants, de la vie, des activités. Dans nos grands espaces très peu peuplés, c’est essentiel.

 

(1) Le maire a depuis retiré son arrêté, le préfet ayant autorisé lundi 3 octobre les tirs de défense demandés.