Chasse aux trésors

Nous menons une sorte de chasse au trésor avec un regard très économique sur ce qui se passe dans nos territoires. Les porteurs de projets, qui comptent sur leur ressort propre plus que sur l’État, sont nombreux. En Vendée, par exemple, il y a dans plusieurs villages des leaders mondiaux du nautisme, de la fabrication de radiateurs, de vérandas. C’est un territoire entreprenant. En Haute-Marne se trouve le champion du monde de la prothèse de hanche, issu de l’histoire industrielle de la forge. Dans l’Orne siège la fabrique de moteurs résistant aux hautes températures. Ces entrepreneurs tiennent à leur implantation territoriale.

Montée en gamme

Ces sociétés développent les compétences internes avec l’apprentissage. Il y a peu de turn-over. Un souci cependant : elles rencontrent parfois des difficultés quand il faut attirer des ingénieurs en recherche & développement. Autre observation, les champions locaux qui durent ont parié sur la montée en gamme : à Issoire (Puy-de-Dôme), la filière aluminium historique crée aujourd’hui des pièces pour l’aéronautique. À Merdrignac (Côtes-d’Armor), une entreprise a parié sur le bio-engrais et augmenté de 10 % ses effectifs depuis 5 ans.

Des ambassadeurs pour un territoire

Certains territoires nomment des ambassadeurs (créateurs d’entreprise, chefs de cuisine) pour attirer d’autres projets. Cette fierté de leur identité et le besoin de se serrer les coudes dépendent de la culture locale. Comme en Vendée, en Bretagne (Vieilles Charrues) ou à La Chaise-Dieu (musique sacrée). D’autres métiers, de l’artisanat, des formations naissent autour de ces initiatives. Elles génèrent un appel d’air, attirent d’autres start-up parfois.

L’économie présentielle

Cette dynamique de territoire renforce l’économie présentielle. C’est une économie silencieuse, une économie de services à la personne, qui crée peut-être moins de valeur ajoutée, mais qui peut compenser la destruction d’emplois industriels. Aux Herbiers, autour du Puy du Fou, il y a eu 40 % d’emplois en plus dans les activités sportives, récréatives et de loisirs. À Mauriac (Cantal), il y a une forte croissance de l’emploi dans l’action sociale sans hébergement (+ 10,2 % par an sur 2010-2015), les organisations associatives (+ 9,5 % par an) et l’activité pour la santé humaine (+ 2,6 % par an).

Enfin, des formes de croissance novatrices se répandent : l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire (les déchets des uns sont des ressources pour les autres), la redécouverte des coopératives, des Scop.

Non à la centralisation

Nous sommes à un point de rupture : soit on s’empare des outils de décentralisation, soit on centralise toujours plus. La décentralisation parie sur l’humain, sur la liberté de chacun. C’est l’optimisme. La centralisation, c’est le pessimisme, le contrôle sur tout par crainte de s’effondrer. Et n’oublions pas que l’emploi à Paris coûte de 30 à 40 % plus cher. Sans créer de valeur supplémentaire.

(1) Prochain Salon des projets en région, le 11 octobre à Paris.