Au nom de l’éthique
« Écoterrorisme, zadisme, altermondialisme, animalisme… Depuis une vingtaine d’années sont apparus des mouvements contestant la société de consommation et le libéralisme, contre le monde agricole, au nom de l’écologie et de la défense des droits des animaux. Ils agissent au nom de « l’éthique » en remettant en cause, parfois violemment, l’évolution des sociétés développées.
Ces entités ont pris naissance au début des années 1990, outre-Manche puis outre-Atlantique. Là-bas, en raison de leurs actions criminelles (sabotages, attentats, meurtres), elles figurent sur la liste noire des organisations terroristes, au même titre que Daesh.
Trois fondements
Ce nouveau phénomène de société se fonde sur trois éléments : la recherche de sens, l’augmentation du temps libre et le développement des technologies de la communication, qui permettent à des personnes isolées de se connecter à des idéaux et à des groupes à l’autre bout de la planète. Il s’agit de microgroupes. Concernant l’écologie et les animaux, on trouve beaucoup d’urbains, avec une perception de l’élevage et de l’agriculture complètement déconnectée de la réalité. Le rapport à la viande est vu au travers des vidéos de l’association L214.
En étoile de mer
L’organisation de ces mouvements est structurée en étoile de mer, sans organe nerveux central, mais avec de nombreuses branches, ce qui décuple son efficacité. On y trouve cinq niveaux. À la base, un penseur qui lance le débat (phase du prophète), un petit groupe qui va travailler autour et s’autoconvaincre (phase des disciples). Il va aller porter la bonne parole (phase du prosélytisme) en faisant de la propagande par internet, des tracts puis en manifestant et en diffusant des vidéos (phase de l’activisme). Le dernier stade est le terrorisme.
Radicalisation des actions
Quelle que soit la cause, les idées peuvent être légitimes. Le problème, c’est le moyen d’y arriver. Nous assistons à un durcissement des idées. Tout n’est pas mauvais. Certaines actions peuvent avoir un effet positif sur notre alimentation, notre environnement, mais elles se multiplient avec une logique insidieuse. La radicalisation, avec des actions de plus en plus violentes, est préoccupante.
La France moins touchée
En France, pays de la gastronomie, de la chasse, ces mouvements n’arrivent pas à obtenir autant d’assentiment dans la population que dans les pays anglo-saxons. L’Hexagone est moins touché. Mais tout laisse craindre que se développent dans un avenir proche des campagnes violentes. Les événements de Sivens, Roybon et Notre-Dame-des-Landes en sont les signes annonciateurs. »
(1) Éric Denécé est intervenu lors de l’assemblée générale de l’Association pour le maintien de l’élevage en Bretagne à Plérin (Côtes-d’Armor).
(2) Il vient de publier, avec Jamil Abou Assi, l’ouvrageÉcoterrorisme. Altermondialisme, écologie, animalisme. De la contestation à la violence. Éditions Tallandier.