«Notre vie a basculé le samedi 6 septembre 2014. En me levant, j’ai été pétrifié par ce que je voyais par la fenêtre. Des flammes dévastaient la boulange et le bâtiment d’exploitation, là où mes associés et moi stockions notre blé et notre farine. Ce fut un choc pour moi, ma femme et nos deux enfants. Nous étions tous sonnés et impuissants devant la force du feu.
Tout est allé très vite. En une heure et demie, malgré l’arrivée des pompiers, tout était ravagé : l’exploitation et une partie de notre maison. Trente-huit ans de labeur sont partis en fumée devant nos yeux. Choc, incompréhension ? Les sentiments vécus ce jour-là sont difficiles à décrire. Nous n’avions plus rien, juste quelques objets et meubles sauvés à la va-vite. De la ferme ne restaient plus qu’amas de ferrailles et bouts de bois noircis. Quatre associés se retrouvaient au chômage.
Toutefois, ce jour-là, nous avons ressenti beaucoup d’émotions positives. Ce sont les souvenirs que nous voulons conserver.
Une solidarité encourageante
Dès les premières heures, nos voisins et amis nous ont apporté leur soutien. Ils nous ont proposé de la nourriture, des vêtements et nous ont aidés à dégager les décombres. Au milieu de ce désastre, leurs sourires, leurs rires, leurs gestes solidaires nous ont permis de faire face et d’aller de l’avant. Ils ont créé un blog et organisé des concerts et des soirées festives pour récolter de l’argent permettant de subvenir à nos besoins ces premiers mois difficiles. Des chèques provenaient d’un peu partout en France. On n’y croyait pas ! C’était fabuleux de voir toute cette énergie sociale nous entourer, de voir tous ces gens prêts à nous aider à reconstruire notre outil de travail, notre habitat.
Pendant cinq mois, nous avons été hébergés chez nos amis voisins, puis nous avons construit une yourte dans laquelle nous vivons encore en attendant que les travaux de la maison soient terminés. Avec du recul, nous vivons cet incendie comme un nouveau départ. Notre outil de travail, nouvellement reconstruit, est fonctionnel. Les conditions vont permettre l’arrivée de nouveaux associés. Cet évènement nous a aussi confortés dans notre philosophie de vie : sans les autres, nous ne sommes rien. »