«Mars 2020 marquera les esprits. Nous avons vu chavirer notre bateau, touché par la bombe de la Covid. » C’est ainsi que Bertrand Achte, président du Groupement d’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie (Gappi), a démarré le 2 février, en visioconférence, l’assemblée générale du groupement livrant McCain.

Avec le premier confinement et la fermeture des restaurants et cantines, McCain a vu ses ventes de frites surgelées s’effondrer. Le cours des pommes de terre industrielles sur le marché libre est passé de 130 €/t à 20 €/t en une semaine. Comme les plantations n’avaient pas démarré, les producteurs ont accepté de les réduire de 900 ha pour la récolte 2020. « Nous saluons le fait que McCain ait respecté ses engagements pour tous les contrats et pris à sa charge le dégagement des surplus vers l’alimentation animale », souligne Bertrand Achte. Une décision à « plusieurs dizaines de millions d’euros (M€) », selon Erwin Pardon, président de McCain Europe continentale.

Très peu seront indemnisés

« Pour indemniser les pommes de terre hors contrat, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, avait validé en juin une enveloppe de 10 M€, qui a été ramenée en juillet à 4 M€ par son successeur, Julien Denormandie, rappelle Bertrand Achte. Il a fallu attendre fin décembre pour que l’État nous communique la procédure d’indemnisation à hauteur de 50 €/t. » Compte tenu des conditions pour en bénéficier, « très peu les toucheront », regrette le président du Gappi, qui ne mâche pas ses mots : « McCain a été trahi par les pouvoirs publics. »

Pour la récolte 2021, McCain propose un retour à la normale pour les surfaces sous contrat, à 16 620 ha, mais avec un tonnage à 35 t/ha au lieu de 40 t/ha pour certaines variétés et surtout une baisse des prix, en moyenne, de 5,60 €/t. « Nous prévoyons une réouverture des restaurants en Europe à partir de mai, et un retour à une vie normale avec l’été, ajoute Erwin Pardon. Mais si ce n’est pas le cas, nous devons rester prudents. » Blandine Cailliez