«Durant le premier confinement, la demande a grimpé pour nos farines, et elle s’est maintenue depuis. Nous avons fidélisé des boulangers, des boutiques et des particuliers », se félicite Eric Moreau, éleveur de brebis allaitantes au Mas-Saint-Chély (Lozère) et président de l’association La Farine du Méjean. Celle-ci s’est construite autour du moulin à vent de la Borie, à Hures-la-Parade, rénové dans les années 2010. Elle rassemble des agriculteurs et des boulangers, qui ont redonné vie au moulin en créant une microfilière pour produire de la farine et du pain.
En 2020, l’association a investi dans un bâtiment de stockage des grains, réalisé en autoconstruction. « Cela devenait nécessaire, car nous travaillons aujourd’hui 100 tonnes de blé tendre, de seigle, de sarrazin et de grand épeautre », note Thierry Coulon, le meunier, qui a embauché un salarié pour l’aider. Chaque année, avec les agriculteurs, il prévoit les espèces, les variétés et les surfaces à mettre en culture, afin de répondre à la demande des clients. Sur le causse, le sol et le climat limitent les rendements en moyenne de 20 à 25 q/ha en bio et de 35 à 40 q/ha en conventionnel. Mais les prix de vente payés aux producteurs, de 550 €/t en bio et de 250 €/t en conventionnel, permettent de dégager une marge.
Débouchés locaux
« C’est un petit complément de revenu. Et cela nous fait plaisir de voir que la qualité de nos farines est reconnue », confie Maria Baret, éleveuse de brebis laitières au Mas-Saint-Chély. « Produire du pain pour les gens d’ici, avec du blé local, a du sens », affirme de son côté Alexandre Boyer, boulanger à Meyrueis et partenaire de la première heure. Avec ces farines de meule, il élabore quatre types de pain au levain, d’un goût franc, qui plaisent à ses clients. « Au-delà de l’aspect économique, ces farines nous apportent du lien. J’ai appris à connaître mes voisins agriculteurs », apprécie-t-il.
Le moulin à vent attire également des visiteurs, qui découvrent en même temps le milieu naturel et le pastoralisme, grâce à un sentier d’interprétation. « Nous embauchons deux guides l’été. L’an dernier, une conteuse a eu du succès le mercredi auprès des enfants. Elle reviendra l’été prochain, ajoute Maria Baret. Nous prévoyons aussi d’organiser des soirées pour découvrir les étoiles, bien visibles sur le causse. »Frédérique Ehrhard