C’est une angoisse récurrente depuis quarante ans dans les montagnes du Massif central. La pullulation de rats taupiers qui touche cette année le Cantal, le sud du Puy-de-Dôme, le Mézenc en Haute-Loire, la Lozère et l’Aveyron pose le problème de pouvoir nourrir les troupeaux et de faire face à de lourdes pertes financières. À trois semaines de la mise à l’herbe, l’état des prairies fait plus que douter des possibilités de faire pâturer les vaches tout comme de pouvoir faner.

 

Nicolas, Julien et Maryline Théron, qui élèvent un double troupeau de 60 vaches laitières et 140 salers allaitantes à Allanche (Cantal), se sentent démunis pour lutter contre ce fléau. « 150 ha sur les 320 ha exploités entre 1 000 mètres et 1 200 mètres d’altitude sont ravagés. Nous n’allons pas faire pâturer de la terre à nos vaches ! »

Le problème est de financer tout cela.

Nicola Théron, éleveur à Allanche (Cantal)

Alors qu’ils ont traité 80 ha en 2021 et investi 2 640 euros et des jours de travail selon le protocole de lutte préconisé (PH3 sur les taupes, Ratron GW sur les rats), les résultats escomptés ne sont pas là.

 

« Il nous faut 586 tonnes de matières sèches de fourrages par an, nous ne récolterons pas 200 tonnes cette année. Nous avons d’ores et déjà acheté pour 16 000 euros de luzerne, de foin et de maïs épi. Nous allons aussi semer 16 ha de maïs, une culture que les rats taupiers n’aiment pas. Le problème est de financer tout cela. Sans parler des problèmes de santé des animaux et les risques encourus pour la santé humaine », soulignent les éleveurs excédés qui font partie du collectif « Rat le bol », créé en 2016, « pour faire entendre leur détresse ».

Recherches en cours

« Des recherches sont conduites par l’université de Clermont-Ferrand sur une méthode d’immunocontraception grâce à un vaccin ingéré en dose unique sur des appâts, qui bloquerait la fécondation des campagnols. Explorée par l’Inrae de Tours (Indre-et-Loire), l’utilisation de phéromones vaporisées sur les pièges pourrait constituer une piste pour une destruction plus massive », explique Coralya Vullion, animatrice de la lutte contre le campagnol au Sidam. VetAgroSup de Clermont-Ferrand travaille, depuis juin 2020, sur les préférences alimentaires des rats taupiers. Leur appétence démontrée pour les pissenlits pourrait permettre de concentrer géographiquement la lutte.