La jalousie se décèle facilement. Même si elle n’est pas formulée, elle se traduit par de l’agressivité verbale, voire dans le comportement. Votre mari vous a ainsi avoué surveiller votre téléphone portable. Quand il vous accompagne dans vos sorties, vous dîtes qu’il se sent mal à l’aise et dévalorisé sur le plan socioprofessionnel alors que son exploitation tourne bien. Son mal-être amplifie le décalage qu’il perçoit. Vous le rassurez, mais n’entendez pas pour autant sacrifier votre vie amicale et sociale.
La jalousie renvoie au souhait inconscient que le conjoint ait moins de liberté. Une personne jalouse est persuadée que l’autre va profiter de sa liberté pour entrer dans la séduction, ou entamer une relation extraconjugale. Ce sentiment perturbe la vision objective des faits. Il renvoie également à la peur de l’abandon, qui peut avoir pour origine des carences affectives dans l’enfance.
Une thérapie conjugale peut être entamée. Mais je la déconseille dans un premier temps. Car certaines choses seront dites, des rancœurs émergeront. Le conjoint risque de les prendre brutalement, ce qui sera destructeur. Il est préférable que Jean-Louis travaille sur lui-même, en rencontrant d’abord seul un thérapeute, car la jalousie est avant tout un problème d’estime de soi. Dans la vie, on est mieux armé lorsqu’on a un minimum d’ego. Votre conjoint devra trouver aussi une soupape pour s’échapper de son quotidien, lourd dans son métier d’agriculteur : sport, loisir, engagement associatif. Il pourra ainsi rencontrer d’autres personnes, s’ouvrir davantage, se faire son propre cercle d’amis.
Vous devez vous ménager du temps à deux, un week-end ne serait-ce que deux fois par an, et pratiquer régulièrement des activités en commun. La jalousie renvoie aussi à la bonne distance à trouver dans un couple. La relation ne doit être ni trop fusionnelle, ni trop indépendante. C’est une question de dosage. Surtout, il ne faut jamais rompre le dialogue. Car la parole, sous réserve qu’elle soit bienveillante, libère autant qu’elle apaise. Et si elle vient difficilement, on peut aussi s’écrire, ce qui permet d’avoir plus de recul sur son ressenti.