« Nous aurons une discussion nourrie » avec le président argentin Mauricio Macri, a indiqué le président lors de ses vœux au monde agricole prononcé dans le Puy-de-Dôme, hier, le jeudi 25 janvier 2018.

« Un défi pour la filière bovine »

Selon le président de la République, l’accord en cours de négociation entre l’Union européenne d’une part et le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay d’autre part « peut être bon si nos lignes rouges sont tenues ».

 

« Il est clair que ce sera un défi porté en particulier pour la filière bovine puisqu’il permettra de faire rentrer des volumes » de viande sud-américaine sans droits de douane dans les pays européens, a-t-il admis.

 

Il a tracé au moins deux lignes rouges : « On ne peut pas prendre des accords qui favorisent un acteur industriel ou agricole à des milliers de kilomètres qui a un autre modèle social ou un modèle environnemental qui fait le contraire de ce que nous imposons à nos propres acteurs. »

Les éleveurs en « colère »

Ces annonces ont suscité la « stupeur » et la « colère », assure la Fédération nationale bovine, dans un communiqué diffusé hier soir. Le syndicat a « pris acte de la déclaration du gouvernement de sacrifier leur secteur pour conclure un accord dans les tout prochains jours ».

 

Selon les calculs de l’Institut de l’élevage, si les deux blocs parviennent à un accord commercial, les prix de vente pourraient baisser de 10 %, et 25 000 à 30 000 emplois pourraient disparaître dans la filière en France, affirme la FNB.

 

« Cette décision est aussi incompréhensible que dangereuse pour notre filière, lance Bruno Dufayet, le président de la FNB. Nous déplorons l’incohérence totale dont fait preuve le gouvernement qui déclare, dans le même temps, vouloir valoriser un modèle d’élevage français durable, herbager, vertueux, aux garanties incomparables sur le plan sanitaire et efficace dans la lutte contre le changement climatique… et importer de façon massive des viandes répondant à des standards opposés. »

Des compensations hypothétiques

Pour rassurer les éleveurs, Emmanuel Macron a rappelé que le marché turc de la viande bovine était en train de se rouvrir « activement », ainsi que le marché chinois à la suite de son récent voyage à Pékin, et que « l’accord négocié avec le Japon est un très bon accord en particulier pour la viande ».

 

Ces arguments n’ont pas non plus convaincu Interbev. Dans un communiqué diffusé ce 26 janvier 2018, l’interprofession assure que l’annonce du Président de la République aura des « effets destructeurs pour la filière française de l’élevage et des viandes et totalement contradictoire avec ses engagements en faveur d’une alimentation durable et exemplaire sur le plan sanitaire ».

 

« Contrairement aux propos d’Emmanuel Macron, on ne peut minimiser ces effets destructeurs au motif d’une prochaine hypothétique ouverture du marché chinois aux viandes bovines françaises, poursuit Interbev. Pourrait-elle atténuer la crise sans précédent que créera cet accord [avec le Mercosur] dans le secteur ? »

 

« Lors des États-généraux de l’Alimentation nous avons pris des engagements clairs face aux citoyens français dans le cadre de notre plan de filière et nous souhaiterions être en mesure de les tenir, lance Dominique Langlois, le président d’Interbev. Nous attendons de la part du Président de la République et de son Gouvernement la marque d’une même constance. »