Introduite en France il y a trois ans, l’association lablab + maïs fait une belle percée. Cette année, près de 10 000 ha ont été semés, principalement dans les Pays de la Loire, en Bretagne et dans le Sud-Ouest. « Le lablab est une légumineuse tropicale originaire d’Afrique. Elle est surtout cultivée aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Australie », indique Nicolas Esnault, délégué régional chez Semental, le semencier sarthois à l’origine de son introduction en France.
La plante se caractérise par un cycle végétatif très long : 150 à 170 jours. Elle est sensible aux gelées et son implantation nécessite des températures au sol de 10-12 °C. Pour ces raisons, il est conseillé de l’associer à des maïs tardifs. « L’intérêt du lablab réside dans sa teneur en MAT. Dans les pays où elle est conduite en pur, on oscille entre 17 et 19 %. En France, cette pratique n’est pas possible. Toutefois, quand on associe le lablab au maïs, on gagne entre un et trois points de MAT. L’an dernier, 80 % de nos essais se situaient dans cette tranche, précise Nicolas Esnault. À ce niveau, il n’y a pas de problème pour amortir le coût de la semence (prix culture 2019 : 90 €/ha). »
Caler la récolte sur le stade du maïs
En Pays de la Loire, la chambre d’agriculture a intégré l’association à sa plateforme de diversification des cultures de printemps. « Nous avons réalisé notre premier essai cette année, à la ferme expérimentale des Trinottières (Maine-et-Loire) », précise Florence Léon, conseillère « agronomie ». L’essai a été conduit en bande unique sur une largeur de 9 mètres. Le semis a été effectué le 15 mai, à la densité de 80 000 graines pour chaque espèce. Rongaï, l’une des deux variétés de lablab disponibles cette année (1), a été retenue et associée à ES Floréal (Euralis).
« Nous avons réalisé ce chantier au semoir à disques, avec un inter-rangs de 75 cm et un écart entre grains de 8,33 cm. Il n’y a eu qu’un seul passage et une seule ligne de semis. » Un désherbage de prélevée (Prowl 400 à 2 l/ha + Mercantor Gold à 1 l/ha) a été réalisé le 16 mai. Implantée derrière un maïs, la culture a été irriguée avec trois passages de 25 mm chacun. Dans cette association, « la densité de semis joue un rôle significatif. Après des essais à 65 000 et jusqu’à 85 000 graines, nous préconisons 80 000 graines/ha (soit 15 kg/ha), explique Nicolas Esnault. À ce niveau, on peut baisser la densité du maïs de 10-15 %. »
L’été 2019 a parfaitement illustré la résistance du lablab à la chaleur. Début septembre, à la veille d’être récolté, « notre essai avait belle allure, avec une légumineuse présente et bien accrochée au maïs, juge Florence Léon. Le lablab est monté jusqu’en haut des pieds sans qu’ils ne versent. »
À cette date, la plante était encore très verte. « Au stade récolte du maïs, le lablab sera à 22-25 % de matière sèche. Il ne faut pas se fier à lui pour décider de la date d’ensilage, mais rester calé sur le stade du maïs », préconise Nicolas Esnault. Anne mabire
(1) Une troisième variété sera disponible en 2020.