Panama, la capitale, a plusieurs visages. Ces quarante dernières années, une forêt dense de gratte-ciel a colonisé le littoral. Les hauts buildings font penser à des crayons de béton, de métal et de verre plantés en bord de mer. Leur architecture ultra-moderne contraste avec les habitations vétustes du quartier populaire de Calidonia, mais surtout avec la vieille ville : Casco Viejo. À l’entrée de celle-ci, des militaires en arme gardent le Palais de las Garzas et demandent aux visiteurs de passer leur chemin. Ce bâtiment à la façade ouvragée est la résidence officielle du Président. Bâti en 1673, il est l’un des vestiges du passé colonial du pays.

 

Multiples contrastes

Le quartier historique fait partie du district San Felipe. Au XVIIe siècle, quand la première cité fondée par les colons espagnols est détruite par des pirates, les familles les plus riches décident de s’installer sur cette petite péninsule face à l’océan Pacifique. Derrière un mur d’enceinte, ils construisent de belles habitations, des églises et la cathédrale Santa Maria la Antigua.

 

Aujourd’hui, contrairement à de nombreuses maisons en ruines, la basilique en pierres de lave se dresse intacte sur la place de l’Indépendance. L’édifice religieux est flanqué de deux tours blanchies à la chaux. Sous le soleil ardent, scintillent les nacres qui décorent les toits. Plus loin, dans une rue à l’ombre bienfaisante, le ciel apparaît à travers les fenêtres d’une demeure dont il ne reste qu’un mur. Assise sur une chaise, prenant le frais sur le trottoir, une habitante âgée lance un chaleureux « Buenos días, bienvenido » (bonjour, bienvenu).

Le quartier historique n’est pas abandonné. Des artistes du street-art ont pris possession de murs improbables. Les habitations restaurées, de styles colonial, antillais et art déco, affichent des blancs immaculés ou des couleurs vives. Leurs façades sont soulignées de longs balcons et de pimpants bougainvilliers. Comme sur la place de France, qui rend hommage à Ferdinand de Lesseps. Après son succès à Suez, il a engagé en 1879 le percement du canal entre les deux océans, qui changea radicalement le destin du Panama. Alexie Valois