Rupture surprise dans la stratégie française de négociation : alors que le budget de la Pac a toujours été une ligne rouge à défendre coûte que coûte, Paris serait désormais prêt à puiser dedans pour financer une nouvelle politique de défense européenne. C’est ce qui ressort d’une note du gouvernement rendue publique par le site d’informations Contexte, le 9 janvier 2018.

Priorité à la défense

Ce document présente les « perspectives et attentes françaises pour le prochain cadre financier pluriannuel de l’Union européenne ». Partant du constat qu’après le Brexit, « l’Union européenne (UE) ne pourra pas continuer à payer à 27 ce qu’elle finançait jusqu’à présent à 28 États membres », Paris rebat ses traditionnelles cartes de négociation et opte pour une nouvelle priorité : faire de l’UE « un vecteur de sécurité collective ».

Et pour le reste ? « Le budget de l’UE doit également permettre de financer prioritairement les dépenses qui présentent une réelle valeur ajoutée européenne », ajoute la note. Mais pas question ici d’agriculture. La Pac est reléguée en deuxième page, avec la politique de cohésion, laissant supposer une acceptation tacite des coupes budgétaires à venir. La France abandonnant son rôle historique de protecteur, qui prendra le relais pour défendre la Pac sur la scène européenne ?

Malgré tout, les agriculteurs apprécieront de voir réaffirmé la volonté de conserver une politique agricole commune financée depuis Bruxelles, alors que plane toujours un risque de renationalisation. Maigre consolation.

Alain Cardinaux