« Je voulais une machine avec deux écartements possibles pour semer le maïs et le soja, et adaptée au semis direct. » C’est avec ce cahier des charges en tête qu’Emmanuel Chalumeau a investi dans un semoir John Deere 1790, muni de 23 rangs et d’une trémie centralisée.

Cet agriculteur, gérant de l’EARL éponyme, travaille sur plus de 500 ha dans le Jura. Une grande partie de ses semis est aujourd’hui réalisée au semoir monograine. Emmanuel cultive, entre autres, du colza et du tournesol. « Jusqu’en 2019, nous avions plusieurs monograines portés, un pour le maïs et un pour les autres cultures. Le soja était, quant à lui, implanté avec le semoir à céréales. Au renouvellement du parc, je souhaitais un outil pour tout faire, y compris le soja », explique-t-il.

Une trémie centralisée
Cette dernière culture représente un gros volume à implanter. « On consacre alors trop de temps à remplir les trémies des éléments avec un semoir monograine classique. La trémie centralisée apporte un gain de temps, mais aussi une facilité d’utilisation. Je peux, par exemple, la remplir avec une vis sans fin sur une remorque. » Baptisé CCS chez John Deere, ce système alimente chaque rang en graines de manière continue, grâce une trémie principale placée au milieu du semoir.

L’autre spécificité de la machine recherchée par Emmanuel, c’est la possibilité de doubler l’écartement entre les rangs. En effet, ce semoir peut passer d’un interrang de 15 pouces (38,1 cm) à un interrang de 30 pouces (76,2 cm). Pour cela, l’outil est muni de 23 rangs avec un écartement de 15 pouces, 11 éléments pouvant se relever (un sur deux), ce qui en laisse 12 au travail. L’interrang est ainsi doublé. « C’est hydraulique sur les extrémités du semoir, mais il faut le faire mécaniquement sur les rangs du milieu », précise Emmanuel.

Adapté au semis direct
L’EARL pratique le sans-labour depuis plusieurs dizaines d’années. Une partie de la surface est même en semis direct. « Il fallait que l’engin soit capable de passer dans les différents itinéraires techniques. C’est aussi l’avantage du semoir John Deere, on peut y adapter beaucoup d’éléments extérieurs. J’ai donc monté des chasse-débris Martin-Till et des roulettes de fermeture à picots du même constructeur sur les éléments semeurs. J’ai également rajouté le système Delta Force, de Precision Planting. Quand on m’a expliqué le principe, j’ai rapidement été convaincu », sourit l’agriculteur. Ce procédé hydraulique ajuste la pression rang par rang en permanence, en fonction de la butée des roues plombeuses. « Une fois que l’on y a goûté, c’est difficile de s’en passer », avoue Emmanuel.

Pour augmenter la précision et les possibilités du semoir, d’autres systèmes de Precision Planting ont été adjoints, comme le doseur vSet et l’entraînement électrique vDrive. « J’ai aussi le FurrowJet. Ce dispositif peut amener jusqu’à trois produits liquides dans le rang. Pour le moment, je n’ai qu’une cuve sur le semoir, mais le projet serait d’en mettre au moins une seconde. »

Un gabarit XL
Dans les limites de ce système, Emanuel souligne le poids de la machine, dimensionnée pour les plaines américaines. « Avec un semoir de plus de 10 t, il ne faut pas s’amuser à sortir lorsque le sol n’est pas assez ressuyé. Il demande également de la puissance de traction. Lors de sa première saison, en 2020, j’avais mis un 170 ch devant mais c’était limite. » C’est donc un 270 ch qui s’affaire aujourd’hui à la tâche.
De même, les besoins en hydraulique, notamment avec le Delta Force, sont élevés, environ 220 l/min.
L’encombrement reste aussi important. Avec 3,60 m replié, cet outil ne passe pas inaperçu sur les petites routes jurassiennes.
Pierre Peeters