Habituellement, à cette époque de l’année, les Français possédant balcon, jardin ou potager se pressent pour choisir légumes, fleurs, arbres et arbustes. « La pleine saison de production et de commerce de l’horticulture va du 15 mars à la fin de mai, explique Emmanuel de Chaumont, dirigeant de Frimont horticulture, basée en Gironde. Comme tous les magasins sont fermés depuis les mesures de confinement, on n’a rien vendu. »

Le confinement au plus mauvais moment

La crise sanitaire du coronavirus « tombe en plein boom pour l’activité », constate aussi le président en Nouvelle-Aquitaine de la Fédération nationale des producteurs horticoles et pépiniéristes (FNPHP), Antoine Daganaud, déplorant que « tous les jours des horticulteurs sont obligés de jeter » des produits « à maturité en une quinzaine de jours au maximum ».

 

Au début du confinement mis en place à cause du Covid-19, le ministère de l’Agriculture a décrété que seules les enseignes vendant de la nourriture ou des aliments pour animaux, déclarés produits de première nécessité, étaient autorisées à ouvrir, autorisant de facto les jardineries mais excluant les horticulteurs indépendants.

Une « petite victoire »

Le 2 avril, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, a autorisé « la vente de semences et de plants potagers considérés comme un achat de première nécessité ». Une décision considérée comme une « petite victoire face à une injustice » par Mickaël Mercier, président de Val’Hor, l’interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage (53 000 entreprises, 170 000 emplois).

 

Mais ceux qui ne vendent pas d’alimentation animale ne savent plus sur quel pied danser, par manque de directives claires sur le type de magasins concernés. « Les producteurs détaillants sont vent debout, ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas ouvrir alors que leurs produits sont désormais considérés de première nécessité, s’agace Mickaël Mercier. Ce n’est pas clair du tout. »

Référer à la préfecture

Le président de la FNPHP, Julien Legrix, conseille à ses adhérents de se tourner vers les préfectures qui « ont pris la liberté d’apporter des cadrages plus clairs qu’au niveau national ».

Ainsi selon lui, des producteurs indépendants ont pu ouvrir leurs serres, effectuer des livraisons ou organiser des systèmes de drive. Il dit attendre « une communication du ministère » afin d’« assainir des situations de concurrence déloyales entre départements ».

 

Reste que les semences potagères ne représentent qu’une infime partie, 5 % des revenus, l’essentiel étant généré par les fleurs, arbustes ou arbres fruitiers. Cette vente autorisée de plants et semences potagères, bulbes et autres plantes aromatiques est « une bonne nouvelle mais ça ne va pas tout changer », reconnaît Étienne Bodin, président de la Fédération des métiers de la jardinerie (FNMJ) regroupant 600 enseignes,

 

Néanmoins, il assure que ses adhérents « respecteront » les autorisations officielles et ne vendront pas de plantes ornementales, même si les jardineries s’estiment elles aussi lésées face aux supermarchés qui ont gardé leur rayon de jardinage. Mickaël Mercier espère que « les directives vont s’assouplir avec la fin du confinement ». D’autant que « les jardineries sont ouvertes totalement en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et même depuis vendredi en Italie. »