Un village ardéchois résiste depuis quarante ans au phénomène de dévitalisation. Il a même vu sa population doubler et son école accueillir de nouveaux élèves. Lussas, dans le sud du département, compte 1 200 habitants, un bureau de poste, un café, une épicerie, une boulangerie, un salon de coiffure, et une vingtaine d’agriculteurs.
50 emplois directs
Son secret : « Nous travaillons à assurer une économie locale dynamique. Et le paysan que je suis s’attache aussi à préserver les terres agricoles », explique le maire de Lussas, Jean-Paul Roux, viticulteur et arboriculteur. Avec son ami d’enfance, Jean-Michel Barbe - le fils des épiciers devenu cinéaste - il a œuvré pour combiner agriculture et cinéma.
Résultat : le village est devenu la capitale européenne du documentaire. Chaque année, Lussas accueille 6 000 visiteurs, durant une semaine en août, pour les états généraux du documentaire - un festival qui bénéficie aux commerces ainsi qu’à l’activité agricole.
Depuis son lancement, une dizaine d’entreprises du 7e art se sont implantées à l’année. Cinquante personnes y sont employées. Pour faciliter leur intégration et mutualiser les forces en présence, un bâtiment de 1 500 m2 leur est loué depuis 2018. Financé par l’État, la Région, le département et la communauté de communes, ce haut lieu technologique accueille aussi les associations sportives et culturelles. « Nous voulions un espace de sociabilité et de convergence entre villageois et personnes du cinéma », explique Jean-Paul Roux.
Si, de part et d’autre, il a fallu faire face aux idées reçues, les écarts s’estompent. « Ce type de tiers-lieux est une des solutions pour lutter contre l’agribashing. Les professionnels du cinéma ont constaté, par exemple, que l’on ne peut pas faire face aux ravageurs des arbres fruitiers en un claquement de doigts. » Pour le maire, il s’agit désormais de continuer à fédérer les projets tout en « maîtrisant » la dynamique. R. Aries