Après avoir interdit les exportations de brisures de riz et imposé une taxe de 20 % sur les exportations de riz de qualité supérieure en septembre, l’Inde revient à la charge de plus belle. Le ministère indien de la Consommation et de l’Alimentation annonce qu’il ferme définitivement les vannes sur les exportations de riz non-basmati, dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi 20 juillet 2023.
En supprimant les exportations, l’Inde tente de sauver sa peau. L’objectif final du pays est de garantir une disponibilité suffisante de riz blanc non-basmati sur son marché intérieur et d’atténuer la hausse des prix. « Le riz blanc non-basmati représente environ 25 % du total des exportations de riz du pays. […] Au deuxième trimestre, les exportations indiennes ont bondi de 35 % sur un an. » « L’interdiction d’exporter du riz blanc non-basmati entraînera une baisse des prix pour les consommateurs du pays », espère le gouvernement indien.
L’engouement pour le riz indien s’explique en partie par les prix internationaux élevés dus au scénario géopolitique, au phénomène El Niño et aux conditions climatiques extrêmes dans d’autres pays producteurs de riz. De l’autre côté du globe, le monde s’inquiète d’un regain de l’inflation alimentaire.
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La sécurité alimentaire à risque
La décision de l’Inde, qui réalise à elle seule plus de 40 % des expéditions mondiales de riz, pourrait « risquer d’exacerber l’insécurité alimentaire dans les pays fortement dépendants des importations de riz », a mis en garde dans une note la société Gro Intelligence, qui analyse des données sur les matières premières.
Les pays africains, la Turquie, la Syrie et le Pakistan devraient souffrir de cette interdiction, alors qu’ils sont déjà confrontés à une forte inflation des prix alimentaires, a ajouté Gro Intelligence. Selon Oscar Tjakra, analyste de Rabobank, les autres fournisseurs de riz n’ont pas de réserves permettant de compenser l’arrêt des exportations indiennes de riz blanc non-basmati.
En dehors de l’Inde, « les principaux exportateurs sont la Thaïlande, le Vietnam et, dans une certaine mesure, le Pakistan et les États-Unis », a précisé l’analyste à l’Agence France Presse. Mais « ils n’auront pas assez de riz pour remplacer » les volumes indiens non exportés, a-t-il prévenu. « Évidemment, cela contribuera à l’inflation dans le monde, car le riz peut être utilisé comme substitut du blé », a-t-il ajouté.
Brisures de riz : riz à moindre prix, aux grains fracturés accidentellement ou non et imposé une taxe de 20 % sur les exportations de riz de qualité supérieure.