Les agriculteurs britanniques ont-ils majoritairement voté en faveur du Brexit ?
Ce n’est plus la question aujourd’hui. Nous sommes sortis rapidement des clivages entre « pro » et « anti » pour nous concentrer vers le même objectif : essayer d’obtenir les meilleurs compromis possibles pour le secteur agricole, compte tenu des circonstances.
Quelles seront les conséquences de la fin de la Pac pour les agriculteurs britanniques ?
Il est encore trop tôt pour quantifier l’impact de la fin de la Pac car la future politique agricole est encore en cours d’élaboration. Certains secteurs sont beaucoup plus dépendants des subventions que d’autres. La NFU doit s’assurer que des filets de sécurité appropriés seront mis en place au moment du basculement vers les nouvelles règles.
Quels seront les grands points de la nouvelle loi agricole, qui remplacera la Pac ?
Le gouvernement de Boris Johnson veut supprimer les subventions à la production (du type de celles de la Pac). Il veut les remplacer par des aides pour service environnemental. À la NFU, nous sommes préoccupés par ce virage à 180° et nous craignons que la loi ne prenne plus en compte le rôle des agriculteurs dans la production de nourriture.
La conséquence directe, c’est que nous ayons des difficultés à fournir des produits de qualité et à des prix abordables, en étant protégés des fluctuations du marché. La NFU va se battre pour maintenir une partie des primes en lien avec la production. Sur le volume des aides, le parti conservateur au pouvoir s’est engagé à maintenir un budget aligné sur celui de la Pac au moins jusqu’en 2024.
Comment seront affectés vos marchés à l’importation et à l’exportation ?
Pour les agriculteurs, le scénario catastrophe serait un Brexit dur, c’est-à-dire sans accord avec l’Union européenne. Dans ce cas, les règles de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, s’appliqueraient dès 2021, avec des conséquences dramatiques pour nos exportations agricoles vers l’Union européenne, qui représentent 14 milliards d’euros par an.
La priorité de la NFU est d’obtenir rapidement un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Nous avons aussi compris que le gouvernement britannique ne souhaitait pas une harmonisation systématique de nos règles avec celle de l’Union européenne. Il faudra donc déterminer rapidement des critères d’équivalence afin d’assurer un passage des frontières le plus fluide possible.
En ce qui concerne les pays tiers, le gouvernement britannique met la priorité sur des accords bilatéraux avec les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Japon. Nous sommes très inquiets du risque d’un déferlement de produits agricoles américains sur le marché britannique. Nous interpellons régulièrement Boris Johnson sur la nécessité de fermer notre marché aux produits qui ne répondent pas aux critères actuels de l’Union européenne, aussi bien sur le plan sanitaire que sur les modes de production.
Quels seront les autres impacts directs pour les agriculteurs ?
Potentiellement, tout le fonctionnement d’une exploitation sera impacté. Un point très critique pour nos adhérents employeurs de main-d’œuvre est le recrutement de main-d’œuvre étrangère, indispensable dans certaines branches. Nous travaillons avec le gouvernement pour développer une politique d’immigration post-Brexit qui prenne en compte cette dépendance totale aux salariés venue de l’est de l’Europe. Les schémas de permis de travail envisagés pour le moment ne permettront pas de répondre aux besoins de main-d’œuvre saisonnière.
NB : article complété le 31/01/2020 avec l’annonce d’une manifestation d’agriculteurs britanniques le 25 mars à Londres.