La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé vendredi 5 avril 2024, lors d’un déplacement dans le Pas-de-Calais, une dérogation pour l’utilisation de l’insecticide Movento (spirotétramate) sur betterave, d’une durée de 120 jours. Une décision prise alors que le risque de jaunisse, transmise par les pucerons, est très élevé cette année (86 %), du fait de la douceur de l’hiver. « C’est plus qu’en 2020 », a indiqué la ministre.

Dans ce contexte, les producteurs de betteraves pourront réaliser trois passages de Monvento, au lieu de deux lors des dérogations autorisées ces dernières années. « Dans les cas les plus exposés, il sera possible de passer jusqu’à cinq fois », a précisé Agnès Pannier Runacher.
Dérogation « hors sujet » pour la CGB
Une décision qui ne satisfait pas Alexis Hache, président du syndicat des betteraviers de l’Oise. « Cette dérogation est hors sujet, explique-t-il. C’est nous donner la possibilité d’appliquer cinq fois la même molécule, ce qui représente un risque important de résistance des populations de pucerons et un risque pour l’environnement aussi ».
Les planteurs demandaient plutôt la possibilité d’utiliser deux autres familles chimiques. D’un côté l’acétamipride, autorisé dans d’autres pays européens comme l’Allemagne et la Pologne, et de l’autre la flupyradifurone, homologuée en enrobage de semences notamment aux Pays-Bas, et qui permet de protéger les betteraves pendant 40 jours. En France, elle est considérée comme un néonicotinoïde, donc interdite. « Nous demandions par ailleurs une autorisation pour tester à grande échelle, sur 500 hectares au sud de Paris, la solution répulsive d’Agriodor. Mais pour l’instant nous n’avons pas l’autorisation. »
De son côté, Générations futures a dénoncé dans un communiqué paru le 5 avril « une dérogation aberrante » et « une augmentation du nombre de traitements autorisés pour un pesticide dont la substance est suspectée d’être toxique pour la reproduction. » L’organisation environnementale pointe un autre problème : « ce produit n’a jamais été évalué pour un usage sur betterave et jamais pour plus de quatre applications par an ! ».