En 2022, la présence de pucerons sur tournesol, par endroits très importante, a occasionné des interrogations sur la pertinence d’une intervention. Sur trois essais d’opportunités mis en place par Terres Inovia, le déclenchement d’un traitement (Karaté K ou Mavrik Jet) n’a pas permis de gain de rendement par rapport au témoin non traité. La réduction de la crispation du feuillage et du nombre de pucerons par plante, supérieurs au seuil de risque au moment du traitement, avait pourtant témoigné de l’efficacité de l’aphicide. Ces résultats ne remettent toutefois pas en cause le seuil de risque historique fixé à 50 pucerons par plante, ou à 10 % de plantes avec crispation marquée du feuillage, selon l’institut.

Décroissance naturelle

« On peut espérer un gain de rendement de 0 à 4 q/ha avec un traitement », rappelle Aurore Baillet, ingénieure en développement à Terres Inovia. Selon la spécialiste, plusieurs conditions doivent être réunies pour le rentabiliser : une arrivée des pucerons avant le bouton floral, un traitement précoce, c’est pourquoi le seuil est relativement bas, et une population en croissance. « Dans nos essais, les conditions climatiques et la régulation par les auxiliaires ont finalement créé une dynamique de décroissance naturelle chez le témoin non traité, lissant les différences visuelles d’abord observées après l’intervention. »

« Il faut plutôt considérer la crispation [du feuillage] comme une variable d’alerte » et non comme un signe d’intervention, estime Aurore Bailler. Le dénombrement des pucerons, sous les feuilles et dans les apex, reste le seul moyen pour se situer en phase de croissance ou de décroissance, mais il est chronophage.