La conjoncture favorable sur les marchés des bovins à viande en 2022 n'a-t-elle pas compensé l’augmentation des charges et les conséquences de la sécheresse ? Cela dépend des systèmes de production, répond l’Institut de l'élevage (Idele) dans son analyse économique annuelle des revenus des éleveurs allaitants et de leur évolution.
Elevage et grandes cultures, plus résilients
Les naisseurs ou les naisseurs-engraisseurs avec une part significative de grandes cultures s'en sortent mieux que les éleveurs spécialisés. Les naisseurs ont des résultats courants estimés à 55 600 €/UMO (unite de main-d'oeuvre) contre 22 400 € en 2020 et 48 800 € en 2021. Ceux des naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins ont atteint 72 400 €/UMO en 2022 au lieu de 30 900 € en 2020 et 47 400 € en 2021.
L’Idele insiste sur leurs atouts face à l’envolée des charges. Les grandes cultures assurent une certaine autonomie alimentaire aux exploitations. La présence du troupeau minimise aussi les besoins d'engrais minéraux grâce à la production d'effluents d'élevage. Malgré une augmentation des charges de 17 %, les éleveurs bénéficient d’une "hausse concomitante des produits des cultures de vente et des bovins à viande".
Les éleveurs spécialisés sont plus exposés
Du côté des exploitations spécialisées (sans grandes cultures), la situation financière présentait déjà une "insuffisance de marge de sécurité" à la fin de 2021. Ces élevages allaitants – naisseurs ou naisseurs-engraisseurs – ont été fortement impactés par la sécheresse. Les stocks réalisés en 2021 étaient épuisés dès l’été 2022. Et ce n’est pas tout : à ce besoin d'achat de fourrages ou d’aliments s’ajoute une hausse des coûts du carburant (+51 %) et des engrais. De quoi rapidement absorber l’augmentation du prix de toutes les catégories d’animaux vendus.
Dans ces exploitations spécialisées, le résultat courant de 2022 le plus haut de tous les systèmes est estimé à 28 200 €/UMO et concerne les naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins en intensif. Il atteignait 22 700 € en 2021 et 26 300 € en 2020. Le plus bas des revenus est à 12 400 €/UMO pour les naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère, contre 18 100 € en 2021 et 14 600 € en 2020.